(Londres) Le commerce du nickel était une nouvelle fois bloqué jeudi à sa limite basse de prix fixée par la bourse des métaux de Londres (LME), à son deuxième jour d’échanges tourmentés après plus d’une semaine de suspension.

« Ce matin, le nickel a ouvert en baisse de 8 %, provoquant une fois de plus un arrêt des échanges, suggérant que le marché reste en désordre », commente Victoria Scholar, analyste chez Interactive investor.

Le LME avait augmenté les variations de prix possibles du nickel de plus ou moins 5 % à 8 %, dans un avis publié mercredi.

La tonne de nickel a ainsi jeudi quasiment immédiatement atteint son plancher de prix autorisé, à 41 945 dollars, juste après l’ouverture.

« Le chaos sur le marché du nickel sur le LME s’est poursuivi », confirme Barbara Lambrecht, analyste de Commerzbank.

Le cours de clôture de la séance de mercredi a été fixé à 45 590 dollars la tonne de nickel. Selon les courtiers de Marex, ce scénario pourrait se répéter les trois séances suivantes afin que le prix du nickel sur le LME avoisine les 35 000 dollars la tonne, auquel il s’échange actuellement sur la bourse des métaux de Shanghai.

La répétition un peu absurde de la séance lassait certains acteurs du marché. Les courtiers de Marex, dans leur note quotidienne où ils détaillent les mouvements des prix métaux par métaux, se contentaient d’un laconique : « Nickel : vous connaissez l’histoire ».

Mercredi, le marché avait repris après plus d’une semaine d’interruption, en raison de son extrême volatilité, et avait été suspendu une nouvelle fois quelques minutes après son ouverture suite à un dysfonctionnement du marché électronique.

« Le chaos et l’incertitude ont incité les investisseurs à éviter complètement le marché lorsque les échanges ont repris dans l’après-midi, ce qui a entraîné la journée d’échanges la plus faible depuis 16 ans », raconte Victoria Scholar.

La Russie est le troisième producteur mondial de nickel. La guerre en Ukraine a fait flamber les prix du métal à des niveaux records, mais ce mouvement aussi extraordinaire qu’inédit est dû en grande partie à une spéculation hasardeuse du milliardaire chinois Xiang Guangda.

Il a misé sur une chute des cours, à rebours du marché. Son groupe Tsingshan, numéro un mondial du nickel et de l’acier inoxydable, s’est alors retrouvé avec des pertes colossales et s’est vu obligé de liquider ses positions en achetant des contrats, faisant monter fortement les cours.