(Londres) Les cours du pétrole ont poursuivi leur course folle mardi, stimulés cette fois par l’embargo sur le pétrole russe décrété par les États-Unis et le Royaume-Uni, tandis que le conflit ukrainien ne montre aucun signe d’apaisement.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, le plus échangé à Londres, a clôturé en hausse de 3,87 %, à 127,98 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) avec échéance en avril a terminé en progression de 3,60 %, à 123,70 dollars.

Le président américain Joe Biden a annoncé mardi un embargo sur les importations de pétrole et de gaz russes aux États-Unis, sous la pression des élus du Congrès.

Quasiment simultanément, le Royaume-Uni a annoncé l’arrêt de ses importations d’énergie russe d’ici fin 2022, par la voix du ministre britannique des Entreprises et de l’énergie Kwasi Kwarteng.

« L’impact immédiat a été marqué », a commenté, dans une note, Borjnar Tonhaugen, Brent et WTI prenant plusieurs dollars dans la foulée des annonce.

« C’était déjà un peu intégré par le marché », a tempéré John Kilduff, de la firme de conseil en investissement Again Capital. « Ni les États-Unis ni le Royaume-Uni n’importent des montants significatifs de brut ou de produits raffinés russes. »

« Il va être difficile de compenser l’offre russe durant les prochains mois », a anticipé, dans une note, Edward Moya, analyste d’Oanda, une bonne partie du pétrole russe étant déjà soumis à un embargo de fait des acteurs du marché. « Tous les gros titres laissent penser que les prix vont continuer à monter. »

L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a revu sensiblement en hausse mardi ses estimations de production américaine pour cette année et l’an prochain.

L’EIA table désormais sur 12,03 millions de barils par jour (mb/j) en 2022, contre 11,80 jusqu’ici, et sur 12,99 mb/j en 2023, soit au-dessus de son niveau de 2019 (12,23 mb/j), qui constituait un record.

Pour autant, si la production américaine continue de croître progressivement depuis plusieurs mois, les producteurs restent réticents à accélérer franchement, par crainte d’un retournement du marché.

En outre, quand bien même elles le voudraient, les compagnies sont actuellement handicapées par des problèmes d’approvisionnement en matériel, comme beaucoup d’autres entreprises du fait de la pandémie de coronavirus.

« Les difficultés d’approvisionnement rendent très très difficile toute tentative de croître maintenant et à un rythme élevé », a assuré la directrice générale d’Occidental Petroleum, Vicki Hollub, lors de la conférence CERAWeek organisée à Houston (Texas).