(Londres) Le prix du baril de Brent, la référence de l’or noir en Europe, a bondi de plus de 5 % mardi, galvanisé par la guerre en Ukraine, les investisseurs redoutant des ruptures d’approvisionnement russe en énergie alors que les sanctions occidentales se multiplient contre Moscou.

Vers 7 h 20, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, s’envolait de 5,38 % à 103,25 dollars, et le WTI américain pour livraison en avril grimpait de 4,59 % à 100,11 dollars.

Au sixième jour de l’invasion russe de l’Ukraine, les secouristes sur place ont fait état d’au moins dix morts dans le bombardement mardi matin du centre-ville de Kharkiv, la deuxième ville du pays, non loin de la frontière russe.

« Le monde des affaires construit une forteresse pour isoler la Russie de la communauté internationale », commente Susannah Streeter, analyste pour Hargreaves Lansdown. Les entreprises du monde entier répondent à la Russie « en gelant les transactions avec Moscou et en abandonnant des investissements financiers valant des milliards », poursuit-elle.

Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé lundi se séparer de ses parts dans plusieurs projets communs avec le groupe russe Gazprom en Russie, en raison de l’invasion russe en Ukraine, suivant l’exemple de son compatriote BP qui se désengage du géant russe Rosneft.

Le français TotalEnergies a quant à lui annoncé mardi qu’« il n’apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie ».

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré lundi que le Canada allait interdire toute importation de pétrole brut russe, « bien que celles-ci soient très limitées par rapport à l’appétit de l’Europe pour le brut et le gaz naturel russe », affirme l’analyste.

« Le fait que plusieurs banques russes aient été exclues du système international de paiement Swift rend le paiement des livraisons plus difficile », ajoute Carsten Fritsch, de Commerzbank.

« Les craintes que la Russie ne riposte en utilisant ses exportations d’énergie comme une arme maintiennent les prix du pétrole et du gaz à un niveau élevé », assure Mme Streeter.

Moscou prépare par ailleurs un décret pour enrayer l’hémorragie d’investissements étrangers qui a commencé depuis l’annonce des sanctions contre Moscou, a annoncé mardi le premier ministre Mikhaïl Michoustine.

La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40 % des importations annuelles de gaz naturel de l’Union européenne.

« La question des sanctions directes sur les exportations de pétrole et de gaz de la Russie est une question de temps et non de probabilité », estime Neil Wilson, analyste pour Markets.com.