(New York) Les Bourses mondiales ont subi de lourdes pertes mardi, suspendues à l’intensification de l’offensive russe en Ukraine, ce qui faisait aussi s’envoler le prix du pétrole.  

Les places européennes ont terminé dans le rouge vif et sur les plus bas de la séance : Paris a chuté de 3,94 %, Francfort 3,85 %, Milan 4,14 % et Londres 1,72 %.

Après avoir fait preuve de résistance à l’ouverture, Wall Street s’est aussi enfoncée : l’indice vedette Dow Jones a perdu 1,76 %, l’indice élargi S&P 500 a cédé 1,55 % et le NASDAQ 1,59 %.

Les deux cours du pétrole de référence, le Brent et le WTI, se sont installés bien au-dessus de 100 dollars mardi, les sanctions liées à l’invasion de l’Ukraine commençant déjà à peser sur les exportations de brut russe.  

« Ce n’est pas le moment d’acheter des actions », résume Konstantin Oldenburger, analyste chez CMC Markets. « Personne ne sait où va cette guerre […] on ne sait pas non plus comment les sanctions nouvellement imposées contre les banques et l’économie russes affecteront l’économie européenne. La crainte d’une récession en Europe se répand », explique-t-il.

L’armée ukrainienne fait face à une nouvelle offensive des forces russes sur Kiev, Kharkiv, plusieurs villes du pays et le grand port de Marioupol, au lendemain de premiers pourparlers infructueux.  

L’armée russe a frappé la tour de télévision de Kiev, confirmant l’intensification de l’offensive et faisant craindre des pertes civiles considérables.

En réaction au conflit, les sanctions occidentales contre l’économie russe se multiplient et ont encore été discutées lors d’une réunion des ministres des Finances des pays du G7 mardi.

À nouveau pris de fortes craintes, les acteurs des marchés délaissaient les actions pour se ruer vers les obligations d’État, jugées moins risquées.  

Le rendement de la dette allemande à dix ans repassait très nettement en négatif (-0,08 %), une première depuis fin janvier. Les bons du Trésor américain à dix ans offraient un taux de rendement de 1,71 % vers 21 h 45 GMT, au plus bas en un mois et demi.

L’or, autre actif plébiscité en temps de crise, prenait 1,78 % à 1943,03 dollars l’once.

Pétrole et gaz s’emballent

Les prix du pétrole et du gaz se sont emballés aussi, les sanctions russes sur les exportations étant « une question de temps et non de probabilité », selon des analystes comme Neil Wilson, de Markets.com.

Le baril de Brent de la Mer du Nord a fini en hausse de 7,14 % à 104,97 dollars, tandis que la même quantité (159 litres environ) de WTI, pour échéance en avril, a clôturé à 103,41 dollars, en progression de 8,03 %, après un bond de plus de 11 % en séance.

La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40 % des importations annuelles de gaz naturel de l’Union européenne.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé mardi que ses pays membres, une trentaine, allaient libérer 60 millions de barils de pétrole tirés de leurs réserves d’urgence pour stabiliser le marché

D’autres matières premières, comme l’aluminium ou le nickel, restaient aussi proches de leur record.

L’automobile et les banques perdantes

Les valeurs les plus exposées à la Russie, les banques, l’automobile ou encore le secteur aérien, continuaient de dévisser.  

À Paris, Renault a plongé de 11,23 %. À Francfort, Volkswagen, dont la production automobile à son usine principale de Wolfsburg va devoir cesser temporairement à compter de mi-mars, par manque d’approvisionnement de la part de fournisseurs ukrainiens, a chuté de 7,62 %.

En Allemagne Commerzbank (-11,20 %) ou Deutsche Bank (-7,57 %) reculaient aussi nettement.  

La plus grande banque russe, le géant public Sberbank, dont une partie du capital est cotée à Londres, a dégringolé à nouveau mardi (-80,10 % pence 0,21 dollar).

La défense progresse encore

A l’inverse, la défense était de nouveau recherchée, notamment Thales (+5,43 %) en France, l’allemand Hensoldt (+20,85 %), ou BAE (+3,70 %) à Londres. Aux États-Unis, Lockheed Martin a gagné 5,26 %.

Le dollar se renforce, les céréales grimpent

Vers 21 h 45 GMT, l’euro perdait 0,84 % par rapport au dollar, à 1,1125 dollar, le billet vert étant considéré comme une valeur refuge.  

Le rouble se stabilisait autour de 109 roubles pour un dollar, après avoir perdu 30 % en raison des sanctions contre la Russie.

Le bitcoin prenait 5,29 % à 43 854 dollars.

Les céréales atteignaient de nouveaux sommets alors que les courtiers craignent pour la production de blé, de maïs et d’huile de tournesol dans cette région de la Mer Noire.

À Chicago, le boisseau de blé (environ 27 kg) pour livraison en mai 2022 a terminé sur un bond de de 5,35 % à 9,8400 dollars un plus haut depuis 2008.

Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison le même mois a grimpé de 5,07 % à 7,2575 dollars.