(New York) Les réserves commerciales de pétrole brut aux États-Unis ont fortement gonflé la semaine dernière, alors que les analystes s’attendaient à ce qu’elles soient stables.

Durant la semaine achevée le 18 février, les stocks de brut américains ont augmenté de 4,5 millions de barils pour s’établir à 416 millions, selon les chiffres publiés jeudi par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

Les réserves stratégiques de pétrole se sont, elles, réduites de 2,4 millions de barils alors que l’administration de Joe Biden continue de relâcher des réserves de brut sur le marché dans l’espoir de faire baisser les prix en augmentant l’offre.

Les cours du pétrole, en très forte hausse à cause de l’invasion de l’Ukraine lancée jeudi par le président russe Vladimir Poutine, ont peu réagi à cette publication et conservé leur élan.

À 11 h, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril gagnait 7,45 % à 104,05 dollars. À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour échéance en avril grimpait de 5,53 % à 97,19 dollars.

Ces niveaux sont une première depuis 2014.

Les réserves d’essence ont légèrement diminué de 600 000 barils, de même que celles des produits distillés (fioul, diesel).

Les analystes misaient sur une réduction plus conséquente dans leurs prévisions médianes à -1,5 million de barils pour l’essence et -1,7 million pour les produits distillés.

L’état de ces stocks « a un effet neutre sur le marché, par ailleurs submergé par ce qu’il se passe en Ukraine », a commenté Andrew Lipow de Lipow Oil Associates.

La production américaine de brut est restée stable à 11,6 millions de barils par jour, encore loin de son niveau d’avant la pandémie. L’utilisation des capacités des raffineries a un peu augmenté à 87,4 %.  

La demande a ralenti à 21,4 millions de barils par jour, contre 22,7 millions de barils par jour la semaine d’avant, en raison d’une diminution de la consommation de fioul de chauffage notamment et d’importations plus fortes que les exportations.

Les importations ont augmenté d’un million de barils tandis que les exportations ont grimpé de 415 000 barils par jour.

« Maintenant que la Russie a envahi l’Ukraine, les prix du brut dépassent les 100 dollars. Peuvent-ils aller plus haut ? Oui », résumait l’analyste, alors que les investisseurs se détournent du pétrole russe, inquiets que de telles livraisons soient sanctionnées financièrement par l’Occident.

« Si la Russie devait couper l’approvisionnement de l’Europe, je m’attends à ce que le prix du pétrole grimpe à 110 dollars le baril […] Il y aurait alors une énorme pression sur l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït pour compenser les 3 millions de barils de pétrole par jour que la Russie fournit à l’Europe » prévoit Andrew Lipow.