(New York) Les marchés occidentaux ont reculé jeudi, fuyant le risque face à l’aggravation de la crise ukrainienne, et Wall Street a même franchement dérapé.

Les places européennes se sont repliées : Paris a perdu 0,26 %, Francfort 0,61 % Londres 0,87 % et Milan 1,11 %.

À New York, le Dow Jones a lâché 1,78 %, l’indice NASDAQ, à forte composition technologique, 2,88 %, et l’indice élargi S&P 500, 2,12 %.

La montée des tensions au sujet de l’Ukraine « incite les investisseurs à rechercher des positions moins risquées », estime Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.

Cela a profité aux actifs considérés comme les plus sûrs : l’once d’or est ainsi monté à son plus haut depuis juin 2021, avec un pic à 1901,16 dollars l’once.

Les rendements obligataires étaient, eux, en baisse, illustrant l’attrait des investisseurs pour ce marché (les taux évoluent en sens inverse des prix).

Le taux des emprunts d’État américains à 10 ans, qui évolue en sens opposé des prix des obligations, c’est ainsi brutalement contracté, passant de 2,04 % mercredi à 1,96 %.

Un regain des violences entre les forces ukrainiennes et séparatistes prorusses, en proie à un conflit depuis 2014, a d’abord nourri les inquiétudes occidentales d’une offensive russe contre l’Ukraine, même si Moscou assure que ses forces retournent vers leurs casernes.  

Le risque d’une invasion de l’Ukraine par la Russie est « très élevé », a redit le président américain Joe Biden jeudi.

La Russie a également « expulsé » le numéro deux de l’ambassade des États-Unis à Moscou, Bart Gorman, selon le département d’État américain.

Moscou a par ailleurs menacé de réagir, y compris militairement, en cas de rejet par les États-Unis de ses principales exigences sécuritaires, notamment le retrait des forces américaines d’Europe centrale et orientale et des États baltes.

A Wall Street, « en ce moment, on navigue », a commenté Adam Sarhan, fondateur et directeur général de 50 Park Investments. « On est dans un champ de mines avec les résultats d’entreprises », à la merci d’une mauvaise surprise, estime le gérant. « Et les marchés n’aiment pas l’incertitude », a-t-il poursuivi, d’autant que s’y ajoutent le manque de visibilité sur la crise ukrainienne et la trajectoire de la Banque centrale américaine (Fed).

Les partisans d’un marché en hausse, les « bulls » (taureaux), « cherchent désespérément un catalyseur qui pourrait faire monter les actions, mais ils n’en trouvent pas », a expliqué Adam Sarhan.

Des résultats d’entreprises en soutien

L’action Kering s’est envolée de 4,95 % à 663,90 euros après avoir dépassé en 2021 ses ventes d’avant pandémie et affiché un bénéfice également supérieur à celui de 2019. Le groupe du luxe s’est dit « confiant » pour l’année à venir « et au-delà ».

L’énergéticien RWE (4,66 % à 38,60 euros) après avoir relevé ses prévisions pour l’exercice 2022 et Commerzbank (+3,21 % à 8,85 euros) étaient aussi à l’honneur en Allemagne.  

A Londres, le groupe britannique de produits d’hygiène et de santé Reckitt Benckiser s’est envolé de 5,94 % à 6152,00 pence après ses résultats annuels.

La distribution en forme

Aux États-Unis, Walmart a tiré son épingle du jeu (+4,01 % à 138,88 dollars) grâce à des résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Le géant de la distribution est parvenu à gagner des parts de marché dans l’alimentaire aux États-Unis, ayant fait le choix de la compétitivité de ses prix malgré la poussée inflationniste.  

Carrefour a affiché sa sérénité avec des résultats solides pour l’année 2021, et annoncé 750 millions d’euros pour des rachats d’actions. L’action a bondi de 4,83 % à 18,02 euros.  

Repli du pétrole, de l’euro et du bitcoin

Les prix du pétrole ont conclu en repli après des séances en dents de scie cette semaine, influencés par des informations contradictoires sur la crise en Ukraine et les discussions sur un accord autour du nucléaire iranien.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a perdu 1,94 % à 92,97 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars a reculé de 2,02 % à 90,81 dollars.

L’euro lâchait un peu de terrain (-0,01 %) par rapport au billet vert, à 1,1362 dollar.

Le bitcoin perdait 7,60 % à 40 720 dollars.