(New York) Les cours du pétrole se sont enflammés vendredi et Wall Street a montré une forte nervosité, les indices boursiers ayant accéléré leur chute, alors que le risque d’une invasion de l’Ukraine par la Russie s’est intensifié, selon la Maison-Blanche.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a terminé sur un bond de 3,31 % à 94,44 dollars, au plus haut depuis septembre 2014.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars a pris 3,58 % à 93,10 dollars, également au plus haut depuis plus de sept ans.

Le baril de pétrole américain avait même grimpé de plus de 5 % en début d’après-midi juste après une déclaration du Secrétaire d’État américain Anthony Blinken estimant que la Russie pouvait « à tout moment » envahir l’Ukraine aux frontières de laquelle elle a massé plus de 100 000 militaires et des armes lourdes depuis des mois.

La Bourse de New York quant à vu son repli s’accélérer, effrayée par ces signaux d’une possible invasion russe imminente, le gouvernement américain estimant qu’elle pourrait survenir durant les Jeux olympiques.

À la clôture, le Dow Jones a terminé en recul de 1,43 %, l’indice NASDAQ a plongé de 2,78 % et l’indice élargi S&P 500, 1,90 %.

« Il y a beaucoup de nervosité sur le marché boursier », a observé Peter Cardillo, de Spartan Capital.

« S’ils envahissent, évidemment, ça va mettre les actions sous pression », a expliqué l’analyste. « Cela veut dire que les prix vont monter », principalement de l’énergie et des matières premières, « que le revenu disponible va diminuer », a prévenu l’analyste.

Lors d’une conférence de presse, le conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, a averti solennellement qu’une invasion de l’Ukraine pourrait avoir lieu « pendant les Jeux olympiques » et exigé des Américains sur place qu’ils quittent le pays « d’ici 24 à 48 heures ».

« Si le marché n’avait pas complètement intégré le risque d’une incursion russe en Ukraine, il pourrait bien commencer à la faire », a relevé pour sa part Art Hogan, stratège en chef pour National Securities ajoutant que les marchés s’étaient mis en mode d’« aversion au risque ».

Le Royaume-Uni a aussi conseillé vendredi à ses ressortissants de quitter l’Ukraine immédiatement par mesure de sécurité.

Nervosité

Le marché du pétrole de son côté a été également « très nerveux », a indiqué l’analyste Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Les dirigeants occidentaux ont brandi des menaces de sanctions « rapides et drastiques » contre Moscou en cas d’invasion, qui vont cibler d’abord les secteurs financier et énergétique.

La Russie est un fournisseur de gaz crucial pour l’Europe et particulièrement l’Allemagne.

La courbe des cours de l’or noir a soudainement bondi, faisant prendre presque deux dollars au baril en moins d’une demi-heure, après les déclarations du chef de la diplomatie américaine à Melbourne, en Australie, suivies d’une conférence de presse de la Maison-Blanche.

« Dans ces circonstances, le marché du pétrole ne veut pas être pris de court pendant le week-end et est saisi par l’inquiétude qu’une invasion par la Russie puisse provoquer des sanctions qui, en conjonction avec l’invasion, pourraient entraîner des ruptures d’approvisionnement », a ajouté Andy Lipow.