(New York) Début d’apaisement dans le dossier ukrainien et optimisme mesuré sur l’Iran ont fait reculer les cours du pétrole mardi, de même qu’une révision à la hausse des estimations de production américaine.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, le plus échangé à Londres, a abandonné 2,05 %, pour finir à 90,78 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en mars, a lui perdu 2,14 % et clôturé à 89,36 dollars.

« Le gouvernement américain essaye de calmer les prix en négociant en urgence avec l’Iran un nouvel accord sur le nucléaire », a observé, dans une note, Louise Dickson, analyste du cabinet Rystad Energy.

Une nouvelle séquence de pourparlers a démarré mardi à Vienne pour tenter de parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien. Un porte-parole du département d’État américain a estimé qu’un accord était « en vue », mais devait impérativement intervenir dans les prochaines semaines.

Au moment du retrait des États-Unis de l’accord originel, en 2018, l’Iran exportait environ 2,45 millions de barils par jour, selon le service de recherche du Congrès américain.

Dimanche, le ministre iranien du Pétrole Javad Owji a affirmé que son pays était en mesure d’exporter 2,5 millions de barils par jour si les sanctions étaient levées, contre quelques centaines de milliers actuellement.

Louise Dickson prévient néanmoins qu’un rétablissement des exportations iraniennes d’or noir pourrait n’avoir qu’un effet mesuré sur les prix, « principalement du fait de la sous-performance de l’OPEP+ ».

Les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs alliés de l’accord OPEP+ « n’ont ainsi pas respecté les niveaux de productions depuis l’été 2021 », faute de capacité suffisante, rappelle-t-elle.

Les opérateurs voyaient aussi d’un bon œil la rencontre entre le président français Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine lundi. Le chef de l’État français a fait état mardi d’un « double engagement » de l’Ukraine et de la Russie à « des solutions concrètes pratiques » pour permettre une désescalade.

Un porte-parole du Kremlin a néanmoins réfuté tout accord.

Pour Dan Flynn, du courtier Price Futures Group, le marché évoquait aussi la possibilité d’une nouvelle utilisation des réserves stratégiques par le gouvernement de Joe Biden ainsi que d’une baisse de la demande chinoise, deux rumeurs qui ajoutaient à la pression sur les prix.

Par ailleurs, l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a revu mardi à la hausse son estimation de production américaine pour 2022 et 2023. L’EIA table désormais sur 11,97 mb/j cette année, contre 11,80 jusqu’ici, et 12,60 l’an prochain, contre 12,41 précédemment.

« Le marché connaît un affaissement », a observé Dan Flynn, « mais il y a encore des raisons pour qu’il monte. » Pour l’analyste, le prochain facteur de soutien pourrait venir du rapport sur les stocks américains, publié mercredi, qui pourrait faire état d’une baisse des réserves, favorable aux prix.