(Londres) Bijouterie, lingots, pièces d’or, et même technologie : la demande physique d’or a bondi au quatrième trimestre, permettant au secteur de récupérer sur l’année 2021 une grande partie des pertes induites par la COVID-19 en 2020.

La demande d’or pour l’année 2021 s’est établie à 4021 tonnes, son plus haut niveau depuis deux ans et demi, avec un bond de près de 50 % en glissement annuel lors des trois derniers mois de l’année, d’après le rapport trimestriel du Conseil mondial de l’or (CMO) publié vendredi.

Les achats de pièces et de lingots d’or sont même au plus haut depuis huit ans, le métal précieux ayant été recherché comme parade à une inflation qui s’est accélérée à la fin de 2021.

John Mulligan, porte-parole du CMO, constate « une forte reprise sur le marché de la vente physique de détail, au cours de ce trimestre, mais également de l’année », en particulier dans le marché de la bijouterie et des pièces et lingots.

Bijouterie galvanisée

La consommation annuelle de bijoux a quant à elle augmenté de 52 % en 2021, récupérant entièrement des coups portés par la pandémie.

La montée en flèche de la demande indienne a contribué à porter le total mondial du quatrième trimestre à 713 tonnes d’or, le plus élevé depuis près de neuf ans.

« Les marchés de l’Inde et de la Chine sont très importants du point de vue de la demande saisonnière », explique John Mulligan à l’AFP.

« En Inde, la saison des mariages est cruciale : des millions de personnes se marient et toutes ces cérémonies impliquent généralement un certain niveau d’or », poursuit-il.

C’est le moment que choisissent les familles pour mettre une partie de leurs économies à l’abri en les changeant en lingots, colliers, bagues, bracelets et autres objets en or, suprême valeur refuge.

Avec la pandémie de COVID-19, « beaucoup de ces mariages avaient dû être annulés ou reportés » et il y a donc eu un rattrapage à partir de la fin de l’année dernière, poursuit M. Mulligan.

En plus des mariages, les consommateurs chinois ont tendance à acheter des produits en or avant le Nouvel An lunaire, la fête la plus importante du calendrier.

La libération de cette demande retenue par la pandémie a donc été un facteur clé, avec des achats de bijoux ayant atteint 2124 tonnes en 2021, « grâce à un quatrième trimestre exceptionnel » (713 tonnes), selon le Conseil mondial de l’or.

Les ETF toujours boudés

Sur l’année 2021, l’utilisation de l’or dans le secteur technologique – le métal jaune se retrouvant dans les composants de nombreux appareils électroniques comme les ordinateurs ou les téléphones mobiles – a augmenté de 9 % à 330 tonnes.

Les banques centrales ont acheté 463 tonnes d’or en 2021, soit 82 % de plus qu’en 2020. Cependant, au quatrième trimestre 2021, les achats nets des banques centrales ont été de 48 tonnes, plus faible niveau depuis la fin de 2010, juste après la crise financière.

Une désaffection qui se reflète sur le cours de l’once d’or, qui a cédé plus de 3,5 % pour terminer à 1829 $ US.

La demande annuelle s’est redressée dans pratiquement tous les secteurs, à l’exception notable des ETF, ces titres financiers cotés indexés sur le cours du métal jaune, qui ont enregistré des sorties annuelles nettes (173 tonnes).

La majeure partie de ces sorties provenait de grands fonds américains.

Pour John Mulligan, ce phénomène concentré aux États-Unis s’explique par « un niveau important d’incertitude », « un signal adressé au marché qui n’est toujours pas clair ».

Les investisseurs américains se posent des questions sur « l’état de l’économie mondiale, sur la récente révision à la baisse des prévisions de croissance, sur la persistance de l’augmentation de l’inflation », avec en même temps des signes d’augmentation des taux, comme annoncé par la Réserve fédérale (Fed) jeudi.

En Europe, en revanche, les ETF sont restés stables, selon les données du Conseil.