Les principaux indices nord-américains ont réalisé une des plus belles remontées de l’histoire durant la première séance boursière de la semaine.

Alors que le secteur des technologies est malmené depuis un moment sur les marchés, c’est au NASDAQ que la volte-face la plus spectaculaire s’est réalisée. En baisse de 5 % en mi-journée, le NASDAQ a finalement clôturé en hausse de près de 1 %.

Et c’est au Québec qu’un des plus beaux exemples du jour se trouve. L’action de Lightspeed perdait 12 % de sa valeur à un certain moment après avoir reculé jusqu’à 33 $. Le titre a alors fait demi-tour pour terminer la séance au vert, en hausse de 1 %, à 38,25 $. Le titre de l’entreprise montréalaise de commerce infonuagique demeure très loin de son sommet de 165 $ atteint à l’automne, mais continue de faire réfléchir.

C’est un titre à considérer si un investisseur est « prêt à prendre du risque », lance le gestionnaire de portefeuille et conseiller en gestion de patrimoine affilié à la Financière Banque Nationale Cimon Plante.

« L’action est essentiellement de retour à son prix d’avant la pandémie mais depuis ce temps, l’entreprise a réalisé des acquisitions et pivoté son modèle d’affaires vers le paiement. Dans un monde où l’on déconfine, leur système de services pour les détaillants et restaurateurs aura une pertinence. Une position dans ce titre peut être intéressante », dit-il.

Ce gestionnaire qui a une clientèle essentiellement composée d’investisseurs de détail ne s’inquiète pas trop de l’humeur des marchés.

« S’il y avait un facteur structurel à long terme qui affecterait les valorisations des entreprises, on le verrait dans le secteur privé aussi et ce n’est pas le cas. Les évaluations se maintiennent dans le secteur privé. Ça commence à ouvrir la porte en Bourse à des opportunités d’investissement. »

Cimon Plante dit ne pas recevoir beaucoup d’appels de clients inquiets. « Ils ont vécu la volatilité de mars 2020 qui était plus abrupte. Ils se montrent donc assez résilients. »

La situation actuelle lui rappelle un peu 2018 lorsque le secteur des technos avait reculé d’approximativement 15 %. « Ça avait été une occasion d’investir », dit-il.

« Le consommateur est en bonne posture. Beaucoup d’entreprises veulent investir massivement et pivoter leur modèle d’affaires dans un monde déconfiné. La trame de fond est relativement bonne. »

Omicron, l’inflation, l’Ukraine. Les raisons sont multiples pour tenter d’expliquer la volatilité et la réévaluation boursière.

« Tout le monde réalise que les taux d’intérêt vont monter », dit Philippe Hynes, gestionnaire de portefeuille chez Tonus Capital.

« Ça met de la pression sur les multiples que les investisseurs sont prêts à payer pour les profits futurs. »

La situation en Ukraine vient ajouter à l’incertitude ambiante, ajoute-t-il. « Ça n’a pas un impact énorme sur la situation financière des entreprises à court et moyen termes, ni sur les taux à court et moyen termes, mais ça pourrait avoir un impact sur le pétrole et le gaz naturel si la Russie pose certains gestes. Le marché est nerveux, et toutes les nouvelles négatives seront amplifiées. »

Philippe Hynes estime que le contexte devient très favorable pour les titres de petites capitalisations.

« L’an passé fut la pire année relative en 20 ans pour les petites capitalisations. Les évaluations relatives sont au même point qu’elles étaient à la fin des années 1990. Ça fait quelques années que les mégacaps volent la vedette, et les investisseurs achètent sans vraiment tenir compte des évaluations. On commence à voir que les investisseurs regardent les évaluations et les états financiers. Il peut y avoir une rotation du capital vers les petites capitalisations, et ça ne prendrait pas un transfert énorme pour faire une grande différence. »

Chez les petites capitalisations, il aime notamment Vivid Seats, une plateforme de revente de billets en ligne pour des spectacles et évènements sportifs. « C’est une bonne façon de se positionner pour un retour à la normale post-pandémie. » Plus près de chez nous, il mentionne Haivision, un fournisseur montréalais de solutions pour la diffusion vidéo en continu. IBI Group est aussi sur son radar. « Cette firme d’architecture et d’ingénierie performe bien mais continue d’être évaluée à escompte par rapport à de plus grosses entreprises comme SNC-Lavalin et WSP. » Le concessionnaire AutoCanada est une autre entreprise qu’il aime bien. « Les ventes de voitures continuent d’être limitées par les inventaires très faibles, donc les profits des concessionnaires sont très bons. »

Cimon Plante continue pour sa part d’aimer le secteur des technologies, en particulier celui des logiciels et de l’internet. « Les multiples d’évaluation des Microsoft, Amazon, Facebook et Google sont vraiment super intéressants », dit-il.