(New York, Toronto) La Bourse de New York a terminé dans le rouge jeudi, l’indice à forte coloration technologique NASDAQ accusant sa plus forte chute en trois semaines.

Selon des résultats définitifs, l’indice Dow Jones a lâché 0,07 % à 34 577,04 points. Le S&P 500 a abandonné 0,36 % à 4192,85 points. Le NASDAQ a abandonné 1,03 % à 13 614,51 points.

Un recul des prix de l’or et du cuivre a tiré l’indice de référence de la Bourse de Toronto vers le bas, mais sa chute a été limitée par les gains des secteurs de la finance, de l’industrie et de la santé.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a franchi momentanément le cap des 20 000 points pour une troisième séance consécutive, mais n’a pu conserver ses gains et a rendu 29,76 points pour terminer la séance avec 19 941,39 points.

Le secteur de la finance a enregistré une hausse de 0,43 %, soutenu notamment par les titres de Cannacord Genuity et de la Financière Intact, qui ont pris 6,1 % et 3,3 % respectivement.

La pression à la baisse sur les titres aurifères, juxtaposée au raffermissement de l’économie américaine, pourrait laisser entrevoir une hausse des taux d’intérêt, a noté Anish Chopra, directeur général de la firme Portfolio Management.

« Une partie de cela provient du fait que les gens utilisent l’or comme une protection contre l’inflation, et si on regarde ce qui s’est passé sur le marché du travail américain, avec les données que nous avons vues ce matin, le marché de l’emploi est assez solide aux États-Unis », a expliqué M. Chopra.

« Si cela convainc la Réserve fédérale de réduire ses mesures de relance et de ralentir son programme d’achats obligataires, ou d’augmenter les taux à l’avenir, les investisseurs n’ont pas tant besoin de se lancer autant dans l’or. »

Le cours du lingot d’or a plongé de 36,60 $ US à 1873,30 $ US l’once à la Bourse des matières premières de New York, tandis que celui du cuivre a dégringolé de 13 cents US à 4,46 $ US la livre.

Le prix du pétrole a aussi reculé, le contrat à terme du baril pour livraison en juillet ayant rendu 2 cents US à 68,81 $ US.

Tout cela a fait retraiter le dollar canadien, qui s’est négocié au cours moyen de 82,62 cents US, alors qu’il avait été de 82,97 cents US la veille.

Le NASDAQ souffre

« Les actions américaines ont terminé dans le rouge, mais loin des creux de la journée, les investisseurs passant au crible une multitude de données économiques optimistes, tandis que les incertitudes autour de l’inflation et de la politique monétaire ont persisté », ont estimé les analystes de Schwab.

Le NASDAQ a particulièrement souffert « parce qu’il est allé un peu trop loin, ses titres sont devenus un peu chers », a relevé Marris Ogg de Tower Bridge Advisors. Les investisseurs procèdent, selon elle, à « une rotation » de leurs mises depuis le secteur technologique vers l’économie plus traditionnelle.  

Sur le front macro-économique, alors que le marché aura les yeux fixés sur le rapport officiel sur l’emploi américain en mai attendu vendredi, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage sont passées, pour la première fois depuis la pandémie, sous la barre des 400 000.

À 385 000 pour la semaine close le 29 mai, elles ont diminué de 20 000, soit mieux qu’attendu par les analystes.

Par ailleurs, les créations d’emplois dans le secteur privé en mai ont bondi à 978 000, bien au-delà également des estimations des analystes, selon l’enquête mensuelle de la firme ADP.

Comme la veille, la séance a été animée par la volatilité des actions prisées par les boursicoteurs en ligne comme celle de la chaîne de cinémas AMC.

La société américaine, qui avait vu son titre doubler la veille à 62,66 dollars, a réussi une augmentation de capital en émettant jeudi 11,5 millions de nouveaux titres à 50,85 dollars l’unité, récupérant au passage 587 millions de dollars. L’action, qui ne valait pas 2 dollars au début de l’année, a terminé jeudi en baisse de 17,97 % à 51,31 dollars.

La volatilité des actions-feu de paille, coqueluches des courtiers individuels, touche aussi les titres de distributeurs considérés jusqu’à peu comme obsolètes face à la domination du commerce électronique.  

C’est le cas de la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop (-8,52 % après +13 % la veille) ou celle des magasins d’articles pour la maison Bed Bath and Beyond (-27,81 % après +62 % mercredi).

« Ce qui est intéressant avec ce phénomène, c’est que l’argent que ces compagnies lèvent » avec la hausse de leurs titres « a le potentiel de leur permettre de changer leur trajectoire, de prendre avantage de ces prix irréalistes pour changer leur modèle de fonctionnement et survivre », a relevé pour l’AFP Marris Ogg.

Le rendement sur la dette américaine à dix ans a grimpé à 1,62 % contre 1,58 % la veille.