(New York, Toronto) La Bourse de New York a terminé en baisse mercredi, les valeurs technologiques chutant à nouveau fortement, alors que les investisseurs s’interrogent sur les perspectives de la reprise mondiale du fait de la hausse des cas de COVID-19.

Selon des résultats définitifs à la clôture, le Dow Jones a conclu à peine à l’équilibre abandonnant 0,01 % à 32 420,06 points.

Le NASDAQ, à forte concentration technologique, a chuté de 2,01 % à 12 961,89 points. Le S&P 500 a lâché 0,55 % à 3889,14 points.

Le principal indice de la Bourse de Toronto a terminé en baisse pour une troisième séance consécutive, alors que les investisseurs ont délaissé le secteur des technologies pour se repositionner vers ceux de l’énergie, de la finance et de l’industrie.

L’indice composé S&P/TSX a retraité de 41,51 points pour clôturer à 18 628,29 points.

Le groupe des technologies de l’information a été le grand retardataire, mercredi, délaissé par les investisseurs après avoir été au cœur de la croissance du marché dans la foulée de l’arrivée de la pandémie de COVID-19 au pays.

Cela a entraîné le déclin du NASDAQ, fortement exposé à ce secteur. Au Canada, le groupe des technologies a chuté de près de 3 %, tiré vers le bas par les titres de Lightspeed POS, Shopify et BlackBerry, qui ont respectivement perdu 6,0 %, 4,9 % et 4,7 %.

« Les actions technologiques à fortes valorisations ont été mises sous pression alors que les investisseurs quittaient ces coins coûteux du marché (à la faveur) des secteurs étroitement liés à la santé de l’économie mondiale », a observé Candice Bangsund, gestionnaire de portefeuille pour Fiera Capital.

Le secteur des matériaux a reculé même si le cours de l’or a augmenté après deux jours consécutifs de baisse, l’attrait du lingot restant fort alors que les rendements obligataires diminuaient.

Le contrat à terme sur l’once d’or a avancé de 8,10 $ US à 1733,20 $ US à la Bourse des matières premières de New York, tandis que celui du cuivre a reculé de 1,55 cent US à 4,06 $ US la livre.

Les actions des producteurs de produits forestiers Canfor et Interfor ont enregistré les plus fortes baisses du secteur des matériaux, avec des reculs respectifs de 6,7 % et 6,2 %.

Les titres des producteurs de cannabis ont reculé et entraîné dans leur chute le secteur de la santé, qui a laissé 3,2 %. Les actions d’Aurora Cannabis et d’Aphria ont toutes deux perdu 4,1 %.

Le secteur de l’énergie avait exercé une pression à la hausse sur le marché pendant une grande partie de la journée, car un blocage dans le canal de Suez a fait grimper le cours du pétrole brut, qui a de nouveau dépassé le cap des 60 $ US le baril.

L’Ever Given, un navire battant pavillon panaméen qui transporte des marchandises entre l’Asie et l’Europe, s’est retrouvé coincé mardi sur la voie navigable, bloquant le trafic dans l’un des plus importants couloirs du monde pour le commerce international.

Le prix du brut a avancé avec la perspective d’éventuels goulots d’étranglement dans l’offre, bien que les effets pourraient être éphémères si les livraisons devaient reprendre dans les prochains jours, a écrit Mme Bangsund dans un courriel.

Le prix de l’or noir a bondi de 3,42 $ US à 61,18 $ US le baril à New York.

Le secteur de l’énergie a augmenté de 3,4 %, les actions de plusieurs producteurs canadiens ayant enregistré des gains importants. Le titre de Vermilion Energy a augmenté de 6,3 %, tandis que ceux de MEG Energy et de la Pétrolière Impériale ont tous deux progressé de 5,2 %.

« Après une semaine irrégulière sur les marchés de l’énergie, le pétrole brut a regagné un terrain notable parallèlement à un regain d’appétit pour le risque aujourd’hui », a observé Mme Bangsund.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 79,61 cents US, inchangé par rapport à la veille.

Les taux obligataires sur les bons du Trésor à 10 ans se sont détendus à 1,60 % contre 1,62 % la veille, sans pour autant soutenir le marché des actions.

« On fait une sorte de pause. Il y a assurément une rotation qui s’opère » entre les actions technologiques de croissance et les valeurs de l’économie plus traditionnelle, a affirmé Chris Low de FHN Financial.

Hausse des impôts sur les sociétés

Après la chute de la veille, la place new-yorkaise avait commencé sur une note plus dynamique, aidée par la chancelière allemande Angela Merkel qui a renoncé, sous les critiques, à un confinement drastique du week-end de Pâques devant la montée des cas.

Mais les trois indices ont viré au rouge en deuxième partie de séance à l’issue de la seconde audition devant une commission du Congrès du président de la Banque centrale (Fed) Jerome Powell et de la secrétaire au Trésor Janet Yellen.

Celle-ci a notamment réitéré le fait que l’administration Biden était favorable à une hausse des impôts sur les sociétés. Actuellement de 21 %, ce taux d’imposition pourrait passer à 28 %, selon les promesses de campagne électorale du président démocrate.

« Il se peut que les marchés deviennent nerveux à cause des taxes. Cela fait deux jours que Mme Yellen parle des taxes », soulignait Gregori Volokhine, gérant du fonds Sustain USA de Meeschaert Financial Services.

« Quand on parle d’impôts, il y a deux volets qui sont absolument négatifs pour les marchés : ce sont les taxes sur les sociétés et les impôts sur les gains des capitaux financiers », a relevé l’expert.

« On se rend compte que le marché voyait Joe Biden comme étant un démocrate très centriste et modéré, mais par l’axe de ses dépenses, il a un programme plus à gauche », a-t-il encore noté.

Un indice décevant a aussi pesé sur le moral des investisseurs : les commandes de biens durables aux États-Unis ont subi une baisse surprise en février (-1,1 %), un mois qui a été marqué par une vague d’intempéries extrêmes.

Même Intel, qui était parti en flèche en début de séance après l’annonce la veille de la construction future de deux usines de semi-conducteurs pour un investissement de 20 milliards de dollars, était en chute de 2,27 % à la clôture.

L’action GameStop a dégringolé de plus de 33,79 % à 120 dollars. La chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop, sur des montagnes russes en Bourse depuis le début de l’année, a dévoilé mardi des revenus inférieurs aux attentes et est restée avare en détail sur sa stratégie.

À la faveur d’un fort rebond des cours du brut, les pétrolières ont en chœur grimpé de plus de 2 % comme ExxonMobil ou Chevron.