(New York) La crise sanitaire qui perdure en Europe a pesé mardi sur les marchés actions, Wall Street terminant nettement dans le rouge, également inquiète pour le rythme de la reprise mondiale.

Après une ouverture dans le rouge, l’Europe a clôturé majoritairement en territoire négatif : Francfort a fini à l’équilibre (+0,03 %), Paris a cédé 0,39 %, Londres s’est replié de 0,40 % et Milan de 0,61 %.

« Les nouvelles décisions sur les mesures sanitaires ont simplement entraîné une pause dans le mouvement haussier », estime Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets.

La Bourse de New York, qui avait fini dans le vert la veille grâce au rebond de la tech, a terminé en nette baisse, le Dow Jones lâchant 0,94 %, le NASDAQ -1,12 % et le S&P 500 -0,76 %.

Le président de la Banque centrale américaine Jerome Powell a minimisé mardi les préoccupations liées à l’accélération de l’inflation lors d’une audition au Congrès et réitéré la nécessité de continuer de soutenir l’économie. Les rendements obligataires ont poursuivi leur repli des deux côtés de l’Atlantique, à commencer par le bon du Trésor américain à dix ans, qui s’établissait autour de 1,62 %, contre 1,69 % la veille.

Dans le même temps, Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor, également auditionnée, a confirmé que l’administration Biden comptait augmenter les impôts des sociétés pour financer un gigantesque plan d’infrastructures.

« On a l’impression que les inquiétudes liées au virus, qui avaient reflué ces dernières semaines, étouffent à nouveau le marché et poussent certains investisseurs à se montrer plus prudents », a estimé JJ Kinahan pour TD Ameritrade.

« La 3e vague épidémique pèsera peut-être un peu plus que prévu sur l’économie européenne au premier semestre, mais […] les conséquences devraient être limitées », estime Tangi Le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC.

L’Allemagne, confrontée à une hausse « exponentielle » des contaminations et à un nouveau variant « beaucoup plus létal » de la COVID-19 va se placer en verrouillage renforcé pendant tout le week-end de Pâques, du 1er au 5 avril.

La Banque d’Espagne a révisé mardi à la baisse sa prévision de croissance pour 2021, à 6 % (contre 6,8 % estimés en décembre).

« De manière générale, les indices sont proches des objectifs annuels après un premier trimestre en hausse de 8 % en Europe. Les institutionnels sont enclins à prendre des profits dans ce contexte avant la clôture trimestrielle », a constaté de son côté Axel Botte, stratégiste chez Ostrum AM.

Alors que la vaccination est perçue comme cruciale face à la troisième vague de la pandémie en Europe, un institut américain a mis en doute mardi l’efficacité revendiquée par le laboratoire AstraZeneca pour son vaccin.

Les Vingt-Sept, en conflit avec le groupe suédo-britannique pour des livraisons nettement inférieures aux prévisions, se réuniront en sommet jeudi et vendredi. Bruxelles entend durcir les conditions d’exportation de doses vers les pays qui produisent eux-mêmes des vaccins anti-COVID-19 – une mesure ciblant le Royaume-Uni – mais également vers ceux dont les populations sont déjà largement vaccinées.

Sur le plan des valeurs, inquiets d’une nouvelle dégradation potentielle des perspectives économiques, les secteurs cycliques ont corrigé.

Prises de gains sur l’automobile 

Les titres du secteur automobile, valeurs cycliques sensibles aux perspectives de croissance, ont reculé fortement : Stellantis a régressé de 3,28 % à 14,20 euros. Renault s’est déprécié pour sa part de 3,37 % à 36,99 euros. Volkswagen a perdu 4,71 % à 226,40 euros après sa forte hausse de la semaine dernière.

Le tourisme en première ligne

Les valeurs liées au tourisme ont continué de souffrir, la troisième vague de l’épidémie de coronavirus en Europe pouvant empêcher la reprise du secteur cet été.

À Londres, le croisiériste Carnival a chuté de 5,57 % à 1567,50 pence et le groupe aérien IAG de 4,39 % à 187,35 pence.

Aéroports de Paris (ADP) a reculé pour sa part de 2,42 % à 100,70 euros et Air France de 2,36 % à 4,92 euros.

AstraZeneca de nouveau sur la sellette

Le laboratoire suédo-britannique a perdu 1,76 % à 7215,00 pence après qu’une agence américaine a mis en doute mardi l’efficacité qu’il revendique pour son vaccin, un nouveau coup pour le groupe déjà sous pression en Europe.

Du côté du pétrole, de l’euro et du bitcoin

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a chuté 5,92 % à 60,79 dollars par rapport à la clôture de lundi.  

À New York, le baril américain de WTI pour mai, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, a perdu 6,17 % à 57,76 dollars.

Dans le même temps, l’euro reculait de 0,66 % face au billet vert, à 1,1854 dollars, son plus bas niveau en trois semaines.

Le bitcoin était stable (+0,63 %) à 54 896 dollars.

La livre turque, qui avait perdu jusqu’à près de 15 % la veille en séance à 8,47 livres, perdait 1,53 % à 7,9230 livres pour un dollar.