(New York, Toronto) La Bourse de New York a terminé en nette baisse jeudi, les valeurs de la technologie chutant lourdement devant la montée des taux obligataires, au plus haut en 14 mois, malgré le discours accommodant de la Banque centrale américaine (Fed).

Selon des résultats définitifs, le NASDAQ, qui concentre les valeurs technologiques sensibles aux craintes d’inflation et au resserrement des conditions financières, a plongé de 3,02 % à 13 116,17 points. L’indice des valeurs vedette Dow Jones a lâché 0,46 % à 32 862,30 points et le S&P 500 a abandonné 1,48 % à 3915,46 points.  

Les rendements obligataires sur les bons du Trésor à 10 ans, qui influencent les crédits d’entreprises et immobiliers, ont grimpé à 1,71 %, un sommet depuis janvier 2020, après avoir atteint plus de 1,74 % en séance. Les rendements à 30 ans ont aussi accéléré à 2,45 %, leur plus haut niveau depuis 19 mois.  

Mercredi, le marché semblait avoir été rassuré par la position de la Fed, le Dow Jones et le S&P 500 touchant de nouveaux records. La Banque centrale avait de nouveau assuré qu’elle maintenait sa politique monétaire à des taux au jour le jour proches de zéro pour soutenir l’économie.

Mais dans le même temps, la Fed a fortement relevé sa prévision de croissance du PIB américain à 6,5 % pour 2021 avec une inflation qui pointera temporairement, selon elle, à 2,4 %.

« Le marché a réfléchi à deux fois devant ces pressions inflationnistes qui montent : cela a d’abord affecté le secteur technologique avec le NASDAQ, puis tous les secteurs du marché », a relevé Quincy Krosby de Prudential.

Un indicateur très performant pour mars, celui de l’activité manufacturière de Philadelphie, a attiré l’œil des investisseurs.  

Se hissant à 51,8 points en mars contre 23,1 points en février, il a accéléré de manière vertigineuse et atteint son plus haut niveau en 50 ans.

« C’était vraiment une surprise majeure à la hausse et surtout, cela a montré que les coûts de production augmentaient rapidement », a souligné Mme Krosby. « Le marché s’inquiète de savoir si cela est vraiment temporaire ».

« Il y a des craintes que la Fed ne perde le contrôle de la courbe des taux et ce sont les valeurs des technologies de l’information et les actions axées sur la croissance qui subissent la pression à la vente », ajoutait-on chez Schwab.

Pour les investisseurs, ces groupes technologiques sont sensibles à la hausse des taux et à l’inflation, car cela rogne leurs bénéfices futurs et renchérit leurs besoins en investissements. Tesla a perdu presque 10 % ; Amazon, Apple et Netflix ont tous abandonné plus de 3 %.

« La hausse des rendements reflète certes une économie plus forte, une campagne de vaccination réussie », soulignait encore l’experte de Prudential. « Mais la question demeure : la Fed va-t-elle devoir entamer une transition vers un resserrement de sa politique monétaire peut-être en septembre-octobre ? Non pas en augmentant les taux d’intérêt, mais en évoquant probablement d’abord une réduction de ses achats de bons du Trésor », s’est interrogée Mme Krosby.

Hormis le secteur bancaire qui profitait de la hausse des taux, tous les secteurs du S&P 500 étaient en perte, avec en lanterne rouge celui de l’énergie (-4,68 %) alors que les prix du pétrole brut ont chuté de 7 %.

Lordstown, qui développe une camionnette électrique, a plongé de 13,78 % après avoir annoncé faire l’objet d’une enquête de la SEC à la suite d’un rapport publié par la société d’investissement Hinderburg l’accusant de présenter des informations fallacieuses sur ses activités.

La Bourse de Toronto pas épargnée

La Bourse de Toronto s’est éloignée jeudi de son sommet record, victime de la faiblesse des secteurs de l’énergie et des technologies de l’information, pendant que les rendements obligataires augmentaient.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 146,63 points pour terminer la séance avec 18 836,47 points. Il avait franchi mercredi, pour la première fois, le cap des 19 000 points.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 80,27 cents US, en hausse par rapport à son cours moyen de 80,22 cents US de la veille.