(New York et Toronto) La Bourse de New York a fini en ordre dispersé mardi à l’issue d’une séance en deux temps, s’alarmant d’abord de la hausse des rendements obligataires américains avant de souffler après une audition du patron de la Réserve fédérale.

L’indice des valeurs vedettes, le Dow Jones Industrial Average (+0,05 % à 31 537,35 points) et l’indice élargi S&P 500 (+0,13 %, 3881,37 points) ont fini légèrement en hausse.

Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a reculé de 0,50 % à 13 465,20 points, effaçant toutefois une grande partie de ses pertes quotidiennes.  

La Bourse de Toronto a clôturé en baisse, la chute du secteur des technologies de l’information ayant eu le dessus sur les gains des titres bancaires, qui ont profité de la publication de solides résultats trimestriels.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 86,65 points pour terminer la séance avec 18 330,09 points.

« C’est certainement une tendance qui fait suite à la très très belle progression que nous avons eue depuis novembre. Nous observons manifestement certaines pertes, et c’est assez généralisé », a souligné Michael Currie, vice-président et conseiller en investissement chez Gestion de patrimoine TD.

Des titres de « haute voltige » comme ceux de Tesla et de Shopify ont encaissé de solides revers, et même certaines actions jugées plus stables, comme celles d’Apple et de Microsoft, ont été touchées.

« Il y a des prises de profits, mais il y a aussi toute une discussion au sujet d’une hausse des taux d’intérêt, qui serait un peu négative pour le secteur technologique », a précisé M. Currie lors d’une entrevue.

Le titre de la montréalaise Lightspeed POS a reculé de 7,7 % et celui de Shopify a cédé 6 % après que l’entreprise a mobilisé 1,55 milliard US lors d’une émission d’actions, pour la troisième fois en un an.

M. Currie a noté que le parquet torontois aurait été stable mardi si ce n’avait été des pertes des actions technologiques.

Les secteurs des matériaux et de la santé ont aussi traîné mardi, le premier ayant échappé 1,9 % en raison de la baisse des prix de l’or, et le deuxième ayant glissé de 3,8 %.

Ces pertes ont été partiellement contrebalancées par les solides gains du secteur de la finance. La Banque de Montréal et la Banque Scotia ont affiché mardi des résultats trimestriels supérieurs à ceux d’il y a un an, soit avant l’arrivée de la pandémie au pays. Leurs actions ont respectivement grimpé de 3,0 % et 2,8 %.

Les investisseurs s’inquiétaient, l’an dernier, de voir d’importantes pertes sur prêts pour les banques, qui avaient d’ailleurs mis de côté d’énormes provisions pour un tel scénario. Mais les institutions financières ont réduit ces sommes, ce qui permet de croire que la situation n’est pas aussi grave que la plupart des gens l’avaient cru, a noté M. Currie.

« Plusieurs personnes qui évitaient les actions des banques pour cette raison y reviennent. »

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 79,35 cents US, en hausse par rapport à son cours moyen de 79,28 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a reculé de 3 cents US à 61,67 $ US le baril, tandis que celui de l’or a rendu 2,50 $ US à 1805,90 $ US l’once. Le prix du cuivre a quant à lui avancé de 3,75 cents US pour clôturer près de 4,18 $ US la livre.

Début sombre

La place new-yorkaise avait entamé la séance dans le rouge, le NASDAQ sombrant même de plus de 3 %, observant avec inquiétude la hausse du taux à 10 ans sur les bons du Trésor américain.

Cette progression fait craindre aux acteurs du marché une hausse du coût des emprunts, qui serait particulièrement néfaste pour les entreprises technologiques, qui constituent la charnière du NASDAQ.

La bonne santé boursière de ces sociétés depuis près d’un an repose en grande partie sur leurs perspectives de croissance et leur capacité à investir des sommes importantes pour se développer.

« Le rythme de l’augmentation des rendements a pu donner le sentiment que cela pourrait avoir une influence sur la politique monétaire » de la Réserve fédérale, explique Art Hogan de National.

Mais le président de la Fed Jerome Powell, qui était entendu mardi en visioconférence par la commission bancaire du Sénat, a assuré que la Fed maintiendrait ses taux bas tant que l’inflation ne dépasserait pas durablement 2 % aux États-Unis et que l’économie américaine ne serait pas proche du plein emploi.

Ces déclarations ont rassuré les investisseurs, fait reculer le taux à 10 ans (désormais proche des 1,35 %), et contribué à la remontée des grands indices new-yorkais après la mi-séance.

M. Powell s’exprimera à nouveau face à des parlementaires américains mercredi.

Par ailleurs, souligne M. Hogan, l’augmentation des rendements obligataires n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour le marché des actions.

« Il faut garder à l’esprit que cela reflète l’idée qu’on va voir la croissance économique s’accélérer », note l’expert. « Si tel est le cas, on peut estimer que cela est susceptible d’aider les revenus des entreprises. »

« Le marché est lentement en train de s’en rendre compte », ajoute M. Hogan.

Parmi les valeurs du jour, Tesla a baissé de 2,19 % après avoir plongé en début de séance. Le groupe d’Elon Musk, qui a récemment investi 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin, a souffert de la forte baisse de la cryptomonnaie mardi.  

Le groupe aéronautique Boeing a reculé de 0,36 %, continuant d’être pénalisé par l’incident spectaculaire d’un 777 survenu samedi aux États-Unis.

La chaîne de grands magasins Macy’s (+3,93 %) a progressé après des résultats meilleurs que prévu. En revanche, le spécialiste d’équipements pour la maison Home Depot (-3,12 %), qui n’a pas voulu faire de prévisions pour 2021 en raison des incertitudes liées à la pandémie, a reculé.

La chaîne de cinémas AMC a bondi de 17,56 % au lendemain de l’annonce par le gouverneur de l’État de New York Andrew Cuomo que les salles de cinéma pourraient rouvrir le 5 mars, près d’un an après leur fermeture pour cause de pandémie.