(Washington) Plusieurs courtiers en ligne américains ont limité jeudi les échanges de certaines actions, dont GameStop, sur leurs plateformes, en raison de l’extrême volatilité autour de ces titres qui font l’objet d’une bataille boursière.

Robinhood, le courtier qui veut « démocratiser la finance pour tous », a limité jeudi les transactions sur les titres de la chaîne de magasins de jeux video GameStop (GME) et des salles de cinéma AMC « en raison de la récente volatilité ».

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Pour la même raison, le courtier en ligne a aussi restreint les échanges sur Nokia, Blackberry et même American Airlines, ainsi que Koss (électronique) et les sociétés d’habillement Express et Naked Brand Group.

« Nous limitons les transactions à la clôture des positions et nous avons augmenté les exigences de marge pour certains titres », a justifié Robinhood dans un message sur son site internet.

La plateforme prévoyait cependant d’autoriser vendredi « une reprise limitée des achats de ces titres ».  

« Nous continuerons de surveiller la situation et pourrons apporter des ajustements au besoin », a indiqué la société dans un autre message en fin de journée jeudi.

Selon la chaîne CNBC, un utilisateur de la plateforme a soumis une plainte en nom collectif devant la justice pour protester contre ces restrictions.

Ces mesures ont été prises dans le sillage de la saga GameStop, qui passionne autant qu’elle effraie le monde financier.  

Un groupe de boursicoteurs aux États-Unis, avides de paris financiers risqués, s’est opposé à des investisseurs très aguerris qui avaient parié à la baisse sur le titre américain.

Le titre s’est envolé de plus de 1000 % depuis le début du mois.

Audition en Sénat

Jeudi en revanche, GameStop a rétrogradé de 43,18 % à 197,44 dollars, mais repartait dans les échanges électroniques après la clôture.

AMC, Nokia, Blackberry, qui avaient atteint des sommets, ont aussi fortement dégonflé.

Mercredi, TD Ameritrade, un autre grand courtier en ligne, récente filiale de Schwab, avait déjà imposé des restrictions sur GameStop.

« TD Ameritrade n’a pas interrompu la négociation de titres. Nous avons imposé des restrictions sur certaines transactions de GME et d’autres titres », a indiqué une porte-parole. Ces restrictions vont « de l’exigence de marges supérieures à la limitation des ventes à découvert ou de certaines transactions qui peuvent impliquer des risques illimités », a-t-elle précisé.

Alors que la poussée spéculative bat son plein depuis une semaine et a fait trébucher Wall Street mercredi, le gendarme de la Bourse aux États-Unis, la SEC, a pris acte de cette « volatilité » et dit « évaluer » la situation.  

Les élus vont s’en mêler, une commission bancaire du Sénat ayant annoncé une audition « sur l’état actuel du marché boursier ».

La procureure de l’État de New York, Letitia James, a de son côté indiqué dans un communiqué que ses services étaient « conscients des inquiétudes liées à l’activité sur l’application Robinhood » et qu’ils étaient en train « d’examiner l’affaire ».  

Le forum WallStreetBets du site Reddit, qui réunit une cohorte de jeunes investisseurs en croisade depuis quelques jours contre les barons de la finance, a aussi décidé mercredi soir de limiter l’accès aux personnes extérieures.

Sur CNBC, Alexis Ohanian, co-fondateur de Reddit, a commenté le phénomène de cette rébellion des boursicoteurs en ligne comme « l’avènement d’une nouvelle ère […], un sous-produit de l’internet connecté ».