(New York et Toronto) La Bourse de Toronto a entamé la semaine avec une glissade marquée, alors que les gouvernements partout dans le monde resserraient les restrictions liées à la COVID-19 pour s’ajuster à la hausse du nombre de cas de contaminations attribuables au nouveau variant Omicron.

La Bourse de New York a marqué le pas, rendue nerveuse par les mauvaises nouvelles de la pandémie, un revers pour Joe Biden au Congrès et la marge de manœuvre étroite de la Fed.

« L’incertitude concernant l’impact final du variant Omicron perdure », ont résumé les analystes de Schwab, dans une note.

Si l’intensité du virus semble relativement modérée, comme prévu, sa vitesse de propagation n’en a pas moins amené les autorités de plusieurs pays à mettre en place des restrictions sanitaires.

La variant Omicron « ajoute à l’incertitude sur les taux d’intérêt », selon Sam Stovall, responsable de la stratégie d’investissement du cabinet CFRA. La propagation d’Omicron fait peser le risque d’un ralentissement économique, mais qui serait sans doute accompagné d’inflation, car il aggraverait les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

« La Fed [Banque centrale américaine] est un peu coincée », considère l’analyste, « parce que l’inflation sera un problème dans les deux cas », si l’économie repart ou si elle est perturbée durablement par le nouveau variant, « et cela pourrait la contraindre à remonter les taux » quoi qu’il arrive.

« C’est une journée assez difficile, cela ne fait aucun doute », a observé Michael Currie, vice-président et conseiller en placement chez Gestion de patrimoine TD. « Tout le monde parle d’Omicron. »

Les marchés avancent et reculent depuis la découverte du variant en novembre, car les investisseurs semblent soupeser la gravité potentielle d’une cinquième vague de COVID-19 et les répercussions qu’elle pourrait avoir sur l’activité économique, l’inflation et les difficultés existantes de la chaîne d’approvisionnement.

Lundi, Québec a introduit une nouvelle série de restrictions de capacité pour les bars, les restaurants et les gymnases de la province, tandis qu’aux États-Unis, le président Joe Biden annoncera mardi les nouvelles mesures qu’il prend pour lutter contre le virus.

Le gouvernement néerlandais a annoncé dimanche un confinement national strict, tandis qu’un responsable britannique a déclaré lundi qu’il ne pouvait pas garantir que de nouvelles restrictions ne seraient pas annoncées cette semaine.

« Nous voyons beaucoup de restrictions ou de confinements se mettre en place, ce qui est bien sûr mauvais pour les affaires », a expliqué M. Currie. « Donc, même si Omicron lui-même n’est pas aussi dévastateur que certains le pensent, le fait que tous ces confinements et restrictions entrent en vigueur aura le même effet. »

Les marchés ont également été tirés vers le bas par le coup fatal potentiel, au cours du week-end, à un programme de dépenses de 2000 milliards US proposé par le gouvernement américain, lorsqu’un sénateur influent a déclaré qu’il ne pouvait pas le soutenir. En outre, les marchés continuent d’absorber la décision de la Réserve fédérale de mettre fin plus rapidement à l’aide qu’elle apporte à l’économie en raison de la hausse de l’inflation.

Les secteurs les plus touchés par la chute des actions de lundi ont été le secteur de l’industrie, qui a baissé de 2,5 % avec les titres des compagnies aériennes et des entreprises liées aux voyages, et ceux de la santé et des technologies de l’information – qui ont baissé de 2,7 % et de 1,8 %, respectivement.

Le cannabis dans la tourmente

M. Currie a fait valoir que les investisseurs s’éloignaient des sociétés à forte valorisation et à forte croissance par crainte que l’inflation ne les freine. Deux des actions les plus durement touchées, par exemple, étaient les sociétés de cannabis Canopy Growth, qui a baissé de 8,7 % au cours de la journée, et Tilray, qui a retraité de 5,9 %.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a rendu 2,11 $ US à 68,61 $ US le baril, tandis que celui du gaz naturel a pris près de 11 cents US à 3,64 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a reculé de 10,30 $ US à 1794,60 $ US l’once et celui du cuivre a perdu moins de 1 cent US à 4,29 $ US la livre.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 77,27 cents US, en baisse par rapport à celui de 77,85 cents US de vendredi.

Parmi les valeurs à l’honneur lundi, l’éditeur américain de logiciels et géant de l’informatique à distance (cloud), Oracle, a été sanctionné (-5,2 % à 91,64 $) après l’annonce de l’acquisition de Cerner (+0,8 % à 90,49 $), entreprise spécialisée dans les services informatiques au secteur médical, pour une valeur d’entreprise de 28,3 milliards de dollars.

Les plus grosses capitalisations de Wall Street, Apple (-0,8 %) et Microsoft (-1,2 %), ont continué à se replier, handicapées par des prises de bénéfices au terme d’un millésime faste.

Également en marche arrière, Tesla (-3,5 %) et les nouvelles vedettes du transport électrique, de Rivian (-7,9 %) à Lucid (-5,1 %), valeurs de croissance boudées par des investisseurs qui les ont portées à des valorisations supérieures à celles de géants de l’automobile.

La chaîne de salles de cinéma AMC a tiré son épingle du jeu (+2 % à 29,70 $) après l’annonce que le film Spider-Man : No Way Home avait engrangé 253 millions de dollars au box-office nord-américain ce week-end, ce qui classe le film au troisième rang des meilleures sorties de tous les temps, pandémie ou non.

La maison de couture italienne Ermenegildo Zegna a fait des débuts encourageants à Wall Street (+5,9 % à 10,74 $), où elle est entrée par l’entremise d’un véhicule financier du groupe européen Investindustrial, devenant ainsi la première griffe italienne de mode cotée à New York.