(New York) L’euro est descendu lundi à son plus bas niveau depuis 16 mois, sapé par des propos accommodants de plusieurs responsables de la Banque centrale européenne (BCE) ainsi que la résurgence des cas de coronavirus en Europe.

La monnaie unique s’est retirée jusqu’à 1,1378 dollar pour un euro, au plus bas depuis le 17 juillet 2020.

Le passage sous 1,14 dollar pour un euro « n’était qu’une question de temps », a estimé Kathy Lien, directrice de la stratégie changes chez BK Asset Management. « Les fondamentaux sont là. »

Vers 14 h 10, le dollar consolidait son avancée et évoluait à 1,1387 dollar pour un euro.

Les cambistes s’inquiétaient de ce qui se profile comme une nouvelle vague de la pandémie en Europe, où certains pays ont mis en place des mesures de confinement, principalement destinées aux personnes non vaccinées.

Et l’euro a reçu deux nouvelles banderilles lundi, la première venue de la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, qui a déclaré, lors d’une audition devant le Parlement européen, qu’une hausse des taux en 2022 était « très improbable ».

Elle considère toujours, comme l’institution, que les « perspectives d’inflation à moyen terme restent modestes » en zone euro, la BCE tablant sur 1,5 % pour 2023, soit moins que sa cible de 2 %.

Lundi toujours, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a défendu le maintien à court terme d’une politique monétaire accommodante pour permettre les conditions de la reprise économique.

« Les divergences en matière de politique monétaire deviennent un catalyseur important sur le marché des changes », a résumé Kathy Lien.

Alors que la BCE maintient le cap, la Banque centrale américaine (Fed) a donné, début novembre, le signal d’un début de normalisation monétaire et n’exclut plus de relever ses taux en 2022.

Les cambistes envisagent même, en majorité, un rythme de resserrement encore plus rapide aux États-Unis pour faire face à la poussée inflationniste.

« On a les ventes de détail demain (indicateur pour octobre aux États-Unis), qui sont attendues à un niveau élevé, et les prix de l’essence qui sont au plus haut depuis sept ans », rappelle l’analyste, « donc les investisseurs se positionnent en vue de bons indicateurs qui conforment la direction de la Fed. »

« Et là vous avez la BCE qui confirme le statu quo », poursuit-elle. « Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »

L’euro était aussi en souffrance face au franc suisse, qui a grimpé lundi jusqu’à 0,9512 euro pour un franc suisse, un sommet depuis 18 mois.