(Paris) Les marchés boursiers mondiaux ont connu des trajectoires diverses mercredi préoccupés après la publication des chiffres de l’inflation aux États-Unis, qui s’est accélérée plus vite que prévu, même si les investisseurs sont encore loin de paniquer.

Le Dow Jones a conclu en baisse de 0,66 %, l’indice NASDAQ, sous influence technologique, a cédé 1,66 %, et l’indice élargi S&P 500, 0,82 %.

En revanche, l’Europe a pris de la hauteur en fin de séance pour finir en territoire positif, de Paris (+0,03 %) à Francfort (+0,17 %) en passant par Milan (+0,44 %). Londres, dopé par des résultats d’entreprises, a même gagné 0,91 %.  

L’inflation s’est accélérée bien plus que prévu en octobre aux États-Unis, atteignant un niveau record sur un an, à 6,2 %, contre 5,9 % attendu.

Plus tôt, en Chine, les prix à la production et à la consommation pour le mois dernier sont aussi ressortis plus élevés qu’attendu.

Cette forte inflation « soulève des interrogations légitimes sur l’évolution des marges des entreprises… et donc sur les bénéfices du quatrième trimestre », commente dans une note Alexandre Baradez, analyste d’IG France.  

Mais les investisseurs sur les marchés actions semblent encore « suivre la position de la Fed », à savoir que cette inflation est transitoire et liée à des facteurs externes à la politique monétaire, notamment les problèmes d’approvisionnement, selon Ilana Azuelos-Bossard, directrice adjointe de Kiplink Finance.  

Sur le marché obligataire, les taux remontaient nettement, même s’ils évoluaient encore loin de leur niveau du début du mois. Le 10 ans américain prenait 12 points de base (0,12 point de pourcentage), à 1,56 %. Le Bund allemand à cette échéance évoluait à -0,25 %, contre -0,33 % lors de la clôture mardi.

« Tant que le taux (américain) ne s’approche pas de 2 % (seuil plus dépassé depuis août 2019), le marché obligataire ne vous dit pas qu’il va y avoir de l’inflation » à moyen terme, a expliqué Maris Ogg, gérante de portefeuille à Tower Brigde Advisors.

Rivian vaut 100 milliards

A Wall Street, la journée aura été marquée par le tour de force du fabricant de véhicules électriques Rivian, qui a triomphé pour sa première journée de cotation, clôturant sur une capitalisation boursière d’environ 100 milliards de dollars.

Ce constructeur qui n’a livré jusqu’ici qu’une poignée de camionnette vaut désormais nettement plus que General Motors (86 milliards) et Ford (77), propulsé par la fièvre qui agite actuellement les investisseurs dès qu’il est question de voiture électrique.

Le luxe mal orienté

Les données sur l’inflation en Chine, qui repart à la hausse, ainsi que la résurgence de cas de COVID-19 dans le pays,  ont perturbé les valeurs du luxe, dépendantes de ce marché.  Les investisseurs gardaient en tête aussi l’évolution du paiement des créances du géant chinois de l’immobilier Evergrande, criblé de dettes.  

A Paris, Kering a reculé de 2,51 % à 664,80 euros, Hermès de 0,73 % à 1430 euros et LVMH de 1,23 % à 698,60 euros.

A Milan, Salvatore Ferragamo a chuté de 4,23 % à 19,13 euros, après la publication de ses résultats, mentionnant des inquiétudes sur la Chine.  

Les chaînes de restauration manquent de monde

A Wall Street, les investisseurs avaient du mal à digérer les résultats de la chaîne de restauration rapide Wendy’s (-7,12 %), dont les marges sont sous pression du fait de l’augmentation du coût de la main-d’œuvre et des matières premières, mais aussi d’une moindre fréquentation de ses établissements.

Les problèmes de fréquentation, notamment pour les personnes âgées qui craignent d’attraper la COVID-19, ont aussi pénalisé la chaîne britannique de pubs Wetherspoon (-7,24 % à 955 pence).

Le pétrole flanche, l’or et le bitcoin montent 

Les réserves commerciales de pétrole brut aux États-Unis ont continué d’augmenter, selon les chiffres publiés mercredi par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), ce qui a fait baisser les cours.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour le mois de décembre a chuté de 3,33 % à 81,34 dollars.

A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a lâché 2,52 % à 82,64 dollars par rapport à la clôture de mardi.

Dopée par l’inflation américaine, l’once d’or s’échangeait pour 1851,30 dollars, en hausse de 1,12 % sur la séance, dépassant les 1850 dollars pour la première fois depuis le mois de juin.

Le volatil bitcoin, que certains investisseurs estiment également être un moyen de se protéger de l’inflation, lâchait 4,20 % à 64 832 dollars, après avoir touché un nouveau plus haut historique à 68 992 dollars.

L’euro perdait 0,99 % face au billet vert à 1,1477 dollar.