(New York et Toronto) La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé vendredi, à l’issue d’une séance marquée par de faibles volumes et une grande instabilité, pour clôturer une semaine agitée par la crise Evergrande et la réunion de la Fed.

Le Dow Jones a clôturé en légère hausse de 0,1 % à 34 798 points, l’indice NASDAQ à forte composante technologique a perdu 0,03 % à 15 047,69 points et l’indice élargi S&P 500 a gagné 0,15 % à 4455,48 points.

La Bourse de Toronto a enregistré un troisième recul hebdomadaire en autant de semaines, en rendant une partie de ses récents gains en raison des inquiétudes entourant le marché immobilier chinois et l’interdiction du pays sur les cryptomonnaies.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 59,27 points pour terminer la journée avec 20 402,66 points. Sur l’ensemble de la semaine, il a rendu 87,7 points.

Neuf des onze secteurs du TSX ont retraité, ceux de la santé et des technologies de l’information en tête avec des déclins respectifs de 2,8 % et 1,2 %.

Le groupe de la santé comprend notamment les titres des grands producteurs de cannabis. Parmi ceux-ci, le titre de Cronos Group a perdu 5,1 % et celui de Canopy Growth, 4,5 %.

Le gain le plus important a été celui du secteur de l’énergie, qui a progressé de 1,3 %, soutenu par la hausse des prix de l’énergie. Le secteur des matériaux a pour sa part retraité de 0,2 % malgré une hausse des prix de l’or et du cuivre.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a avancé de 68 cents US à 73,98 $ US le baril, tandis que celui du gaz naturel a grimpé de 15,7 cents US à 5,20 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a pris 1,90 $ US à 1751,70 $ US l’once, pendant que celui du cuivre a grimpé de 5,45 cents US à 4,29 $ US la livre.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 78,86 cents US, en baisse par rapport à celui de 79,03 cents US de la veille.

Les marchés ont été touchés tôt vendredi par la décision de la Chine de déclarer illégales les devises numériques comme le Bitcoin. Cela a particulièrement touché le secteur de la technologie.

L’action du mineur canadien d’actifs numériques Hut 8 Mining a perdu 5,3 %, poussant le secteur torontois des technologies de l’information vers une baisse de 1,2 %.

Volumes d’échanges faibles

Après avoir ouvert en hausse, Wall Street a zigzagué autour de l’équilibre durant toute la séance, marquée par des volumes d’échanges très faibles sur les valeurs du S&P 500.

« La correction est derrière nous et nous sommes maintenant dans un marché de stock-picker », c’est à dire où les investisseurs doivent sélectionner quelques actions susceptibles de faire mieux que les indices, a expliqué Brian Belski, responsable de la stratégie chez BMO Capital Markets.

La correction évoquée par l’analyste, c’est le décrochage intervenu lundi lorsque les opérateurs ont craint que la possible implosion du promoteur immobilier chinois Evergrande ne mette le feu aux marchés financiers, voire davantage.

Dès mercredi, le marché s’est satisfait de quelques signaux qui laissaient envisager une résolution ordonnée de cette crise, avec le concours des autorités chinoises.

L’indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, est même retombé vendredi à un niveau inférieur à celui de la fin de la semaine dernière.

Pour autant, selon plusieurs médias, Evergrande n’a pas honoré une échéance d’intérêts sur une obligation en dollars, fixée à jeudi. En outre, le groupe, qui est lesté de plus de 300 milliards de dettes, n’a rien communiqué sur le sujet.

Le manque d’animation sur les marchés vendredi était aussi dû à « un manque de nouvelles », selon M. Belski, avec comme perspective, la semaine prochaine, la poursuite des négociations au Congrès sur les deux plans budgétaires massifs du président Biden, qui pèsent quasiment 5000 milliards de dollars à eux.

Les marchés actions ont bien digéré les annonces, mercredi, de la Banque centrale américaine (Fed), qui semble prête à ralentir le rythme de ses achats de dette pour soutenir l’économie et dont la moitié des membres envisagent désormais une première hausse de taux d’intérêt dès 2022.

Le marché obligataire, lui, a moins bien vécu cet épisode. Les rendements des emprunts d’État américains à 10 ans se stabilisaient autour de 1,45 %, nettement plus haut que mercredi (1,32 %), jour des annonces de la Fed.

À Wall Street, parmi les valeurs remarquées, le géant du commerce en ligne Alibaba qui, déprimé par les tours de vis à répétition des autorités chinoises, a touché, en séance, son plus bas niveau depuis janvier 2019. Son cours a terminé en baisse de 4,04 % à 145,08 dollars.

Mauvaise journée également pour Nike, qui a dérapé (-6,26 % à 149,59 dollars), après avoir abaissé, jeudi, ses prévisions de chiffre d’affaires pour l’exercice décalé 2021-22 (clos fin mai).

L’équipementier sportif table désormais sur une croissance de 5 % de ses ventes, contre 10 à 15 % jusqu’ici.

Une révision due à des problèmes logistiques, notamment la fermeture temporaire d’usines au Vietnam et en Indonésie pour cause de crise sanitaire.

Si elle a profité de la publication d’un bénéfice net et d’un chiffre d’affaires supérieurs aux attentes, la chaîne de supermarchés Costco (+3,31 % à 467,75 dollars) a aussi contribué à calmer l’enthousiasme du marché du fait de difficultés d’approvisionnement et de pressions inflationnistes, un refrain déjà entendu maintes fois ailleurs.

Le groupe de médias Meredith, qui publie notamment le magazine People, s’est envolé (+25,42 % à 56,30 dollars) grâce à un article du Wall Street Journal, faisant état de discussions avancées avec InterActive Corp (+4,98 % à 140,37 dollars). Ce dernier, qui contrôle déjà notamment le site The Daily Beast, valoriserait Meredith 2,5 milliards de dollars, selon le quotidien.