(Paris) La peur d’une contagion de la crise du géant de l’immobilier chinois Evergrande stressait les marchés mondiaux lundi, déjà confrontés à des doutes concernant les perspectives de croissance et l’inflation.

Le promoteur immobilier, perclus de dettes, fait face cette semaine à plusieurs échéances financières. L’anxiété face aux conséquences d’un éventuel défaut a gagné les Bourses mondiales, mais aussi le marché du pétrole et celui des cryptoactifs.

Le groupe croule aujourd’hui sous une dette de 260 milliards d’euros. « La crainte de la faillite d’Evergrande semble conduire au spectre d’un Lehman chinois », explique Michael Hewson analyste de CMC Markets, en référence à la faillite de la banque américaine en 2007, qui avait lancé la crise financière des subprimes.

Après le net recul de la place de Hong Kong (-3,30 % à la clôture), seule Bourse asiatique majeure ouverte ce lundi, l’Europe puis Wall Street lui ont emboîté le pas.

À la Bourse de New York, l’indice vedette Dow Jones perdait 2,04 %, l’indice élargi S&P 500 2,08 % et l’indice NASDAQ, à forte composante technologique, 2,63 % vers 12 h 30.

Sur le Vieux Continent, toutes les places ont fini dans le rouge : Paris a cédé 1,74 %, Milan 2,57 %, Francfort 2,31 % et Londres 0,86 %.

Signe de l’aversion des investisseurs pour les actifs risqués, les emprunts d’État étaient particulièrement recherchés : en conséquence, le taux américain à dix ans reculait à 1,31 %.

L’économie chinoise avait déjà montré ces dernières semaines de nombreux signes d’affaiblissement, tant dans la consommation que dans la production.

Or, « tout ralentissement de l’économie chinoise aurait des répercussions importantes sur la demande de produits de base, étant donné que la Chine est le plus grand consommateur au monde de nombreux minéraux et métaux », continue Russ Mould, directeur de l’investissement d’AJ Bell.

Les entreprises liées aux minéraux étaient ainsi en forte baisse, comme ArcelorMittal qui a chuté de plus de 8 % à Paris.

Réunion de la Réserve fédérale américaine

Aux préoccupations sur le sort du promoteur chinois ultra-endetté, s’ajoutaient celles sur le bras de fer au Congrès autour du plafond de la dette des États-Unis et la réunion monétaire de la Banque centrale (Fed) qui commence mardi.

La secrétaire au Trésor Janet Yellen a publié un vigoureux éditorial dans le Wall Street Journal plaidant pour un relèvement du plafond de la dette, bloqué au Congrès, au risque de provoquer « une crise financière historique ».

La Réserve fédérale américaine tient sa réunion monétaire mardi et mercredi. Elle doit donner plus d’indications sur le début de la mise en œuvre et l’étendue de la réduction de son soutien massif aux marchés par des rachats d’actifs, mais « l’incertitude autour des décisions » a aussi poussé les investisseurs à se couvrir, explique Andréa Tuéni, analyste de Saxo Banque.

Les cours du pétrole reculaient également fortement lundi.

Vers 9 h, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 74,09 dollars à Londres, en baisse de 1,66 %. À New York, le baril de WTI pour octobre cédait 2 % à 70,54 dollars.

Boudé lors des périodes d’aversion aux risques, le bitcoin dégringolait de 7,68 % à 43 960 dollars.

À revers de tous les secteurs, l’aviation a largement progressé lundi, portée par l’annonce que les États-Unis laisseraient entrer à partir de « début novembre » tous les voyageurs en provenance de l’étranger à condition qu’ils soient entièrement vaccinés contre la COVID-19.

IAG, maison mère de British Airways et Iberia, s’est envolé de 11 % tandis qu’Easyjet a gagné 3,78 %.