(New York) La Bourse de New York a paradoxalement salué les chiffres décevants de l’emploi américain vendredi, car ils éloignent la perspective d’une hausse des taux d’intérêt, ce qui a permis au Dow Jones et au S&P 500 d’atteindre de nouveaux records.

Selon des résultats définitifs à Wall Street, l’indice Dow Jones des valeurs vedettes a grimpé de 0,66 % à 34 777,76 points, atteignant un nouveau sommet, le 3e de la semaine.

Record également pour l’indice S&P 500, plus représentatif du marché américain, qui a engrangé 0,74 % à 4232,60 points. Le NASDAQ, à forte coloration technologique, qui avait souffert pendant la semaine de la rotation des investisseurs vers des valeurs de l’économie traditionnelle, a solidement progressé de 0,88 % à 13 752,24 points.

Toronto à un record aussi

La Bourse de Toronto a enregistré vendredi un dixième gain hebdomadaire consécutif, atteignant même un sommet record, alors que la faiblesse des plus récentes données sur le marché de l’emploi a renforcé l’idée de maintenir la souplesse de la politique monétaire au pays.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a pris vendredi 181,76 points pour terminer la journée à 19 472,74 points.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 82,26 cents US, en hausse par rapport à celui de 81,97 cents US de la veille.

Un rapport pris avec un grain de sel

« Le marché boursier a répondu positivement à ce rapport sur l’emploi » américain pour avril, pourtant décevant puisque seulement 266 000 emplois ont été créés alors que les analystes en attendaient plus d’un million, a indiqué Karl Haeling de LBBW.

« Ce rapport est apparu trop faible, les investisseurs ne croient pas que ces chiffres reflètent réellement l’état de l’économie », a indiqué l’analyste à l’AFP.  

Pour JJ Kinahan, stratégiste en chef sur les marchés pour TD Ameritrade, « c’est très difficile pour les analystes d’estimer un tel chiffre, car les États rouvrent tous à des rythmes très différents », a-t-il justifié. « Attendons le rapport du mois prochain », a-t-il avancé.

Mais surtout, ces faibles créations d’emplois et une légère progression du taux de chômage à 6,1 % ont éloigné le spectre d’une surchauffe, de l’inflation et donc d’un resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale (Fed).

Des taux d’intérêt proches de zéro, comme ils le sont depuis le déclenchement de l’épidémie de COVID-19 aux États-Unis il y a un peu plus d’un an, favorisent les investisseurs à Wall Street qui trouvent plus de profits dans les actions que les obligations.

« Pour le marché boursier, ces chiffres retardent sans doute la réduction des achats d’actifs de la Fed », qu’elle maintient depuis la crise sanitaire pour soutenir l’économie, confirme Karl Haeling. « Cette conversation est désormais hors sujet », a aussi opiné Art Hogan de National Securities.

« Cela donne plus de chances également au président Joe Biden de faire passer un nouveau plan de dépenses budgétaires », a encore suggéré M. Haeling de LBBW.

Les taux obligataires sur les bons du Trésor à 10 ans qui avaient dégringolé de quatre points à 1,5276 % à l’annonce des chiffres du département du travail sont finalement remontés à 1,5753 % alors que plusieurs émissions de bons sont prévues la semaine prochaine.

Le dollar s’est enfoncé à un plus bas en deux mois face à l’euro à 1,2164 dollar pour un euro (-0,82 % à 16 h 30).

Parmi les actions du jour, les fabricants de vaccins contre la COVID-19 ont nettement retrouvé des couleurs après une réaction très négative les deux séances précédentes sur l’idée que les brevets pourraient être levés pour favoriser une large distribution mondiale des précieux vaccins. Ce projet rencontrant des opinions divergentes au sein de l’Europe, Novavax a repris plus de 2 %, Moderna +1,65 %, Pfizer +0,92 % et son partenaire allemand BioNTech +9,35 %.

Le groupe de paiement de numérique Square, dont le chiffre d’affaires a été multiplié par trois au 1er trimestre, dopé par les ventes de bitcoin, a grimpé de 4,19 %. Parmi les actions de l’économie traditionnelle qui profitent de la réouverture de l’économie, American Airlines et Delta gagnaient plus de 2 % ainsi que Boeing, un membre important du Dow Jones.

Avec La Presse Canadienne