(Paris) Les Bourses ont marqué une pause mardi, dans un contexte de valorisations élevées qui favorisait la prise de bénéfices en l’absence de catalyseurs.

Après une ouverture mitigée, les places financières ont accéléré en milieu de journée avant de toutes virer en territoire négatif. Lanterne rouge des marchés de la zone euro, Francfort a perdu 2,49 % à la clôture, loin derrière Milan (-1,81 %), Paris (-0,89 %) et Londres (-0,67 %).

Après une séance plutôt solide la veille, Wall Street flanchait sous le coup de prises de bénéfices visant les titres du secteur technologique.

Vers midi, le NASDAQ, à forte coloration technologique, accusait la plus lourde perte, en baisse de 2,70 %, le Dow Jones Industrial Average cédait 0,60 % et l’indice élargi S&P 500 reculait de 1,30 %.

Cette prudence, qui ressurgit « en dépit d’une saison de résultats solides où la plupart des entreprises ont dépassé les estimations », est « principalement due aux inquiétudes inflationnistes croissantes, alors que les économies développées se rapprochent d’une situation de “retour à la normale” », estime Pierre Veyret, analyste chez ActivTrades.

Les craintes inflationnistes liées à la vigueur attendue de la reprise, en particulier aux États-Unis, subsistent et la publication du rapport mensuel sur l’emploi américain vendredi aura valeur de test pour beaucoup d’investisseurs.  

« Depuis maintenant plusieurs mois, les signes d’inflation se multiplient dans nos économies. L’évolution du prix des matières premières en est l’un des signes les plus évidents », écrit François Rimeu, stratégiste à La Française AM.

Cette pression inflationniste devrait « entraîner une hausse des taux nominaux américains dans les mois qui viennent », selon lui.

Signe de l’aversion au risque, le taux américain à dix ans redescendait à 1,58 % mardi vers midi, après avoir accéléré à la hausse la semaine dernière.

En outre, « les valorisations élevées actuelles sont un frein pour la performance des marchés à plus long terme », a estimé Vincent Juvyns, stratégiste chez JPMorgan AM, à l’occasion d’une conférence téléphonique.

Prises de bénéfices dans la technologie

À Paris, Worldline (-2,66 %), Dassault Systèmes (-2,64 %) et STMicroelectronics (-2 %) ont suivi le mouvement de vente outre-Atlantique sur les valeurs technologiques qui ont pourtant publié des résultats stratosphériques.

Outre-Rhin, le fabricant de semi-conducteurs Infineon (-5,90 % à 31,73 euros) a averti mardi que des goulots d’étranglement risquaient de subsister jusqu’à début 2022 chez les fournisseurs de puces, en affectant surtout le secteur automobile.

« De nombreux fabricants de semi-conducteurs ne voient pas la pénurie se résorber avant un ou deux ans, et les investisseurs restent prudents face à tout signe d’une éventuelle correction cyclique », explique Nicholas Hancock, analyste en technologie, médias et télécommunications chez Carmignac.

Ferrari abaisse ses prévisions

L’action Ferrari a chuté de 8,02 % à 168,05 euros, le fabricant italien de voitures de luxe ayant revu à la baisse ses prévisions pour 2022 après avoir pourtant enregistré au premier trimestre un carnet de commandes « record ».

Dassault Aviation décolle

Dassault Aviation a grimpé de 3,46 % à 942 euros, porté par une commande de 30 avions de combat Rafale par l’Égypte pour quelque 4 milliards d’euros.

Pfizer relève sa prévision de ventes du vaccin anti-COVID-19

Le titre Pfizer était stable (+0,05 % à 39,84 dollars) alors que le groupe pharmaceutique américain a indiqué avant l’ouverture qu’il s’attendait à vendre en 2021 pour 26 milliards de dollars de son vaccin anti-COVID-19 développé en partenariat avec BioNTech, une prévision nettement relevée à la faveur des campagnes de vaccination qui s’accélèrent à travers le monde.

Du côté du pétrole, de l’euro et du bitcoin

Les prix du brut étaient en hausse mardi, soutenus par la perspective du redémarrage de l’activité et des voyages dans certains pays européens, notamment le Royaume-Uni.

Vers 12 h 15, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet prenait 1,78 % à 68,76 dollars.

À New York, le baril américain de WTI pour juin gagnait 1,67 % à 65,57 dollars.

Dans le même temps, l’euro cédait 0,39 % face au billet vert, à 1,2023 dollar.  

Le bitcoin, dont l’évolution de prix semble être en relation avec celui des actions des géants de la technologie, reculait de 5,03 % à 53 941 dollars.