(Londres) Les pays producteurs de pétrole liés par l’accord OPEP+, emmenés par l’Arabie saoudite et la Russie, ont décidé jeudi d’alléger progressivement leurs coupes de production d’or noir à compter du mois de mai, face à une reprise soutenue par les campagnes de vaccination contre la COVID-19.

La réunion de l’alliance composée des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de ses dix alliés s’est conclue, au bout de trois heures de discussion, sur « une surprise », a réagi Edward Moya, analyste de Oanda.  

« Il a été décidé d’augmenter collectivement le niveau actuel de production des pays de l’OPEP “ en mai de 350 000 barils par jour », d’autant en juin « et de 450 000 en juillet », a déclaré le ministère kazakh de l’Énergie dans un communiqué.

Un communiqué du cartel a par ailleurs constaté « des améliorations du marché soutenues par les programmes de vaccination » dans le monde et « les politiques de relance dans les économies clés », tout en notant la « prudence » nécessaire face à « la volatilité observée ces dernières semaines ».

En préambule, le ministre saoudien de l’Énergie et chef de file de l’alliance Abdelaziz ben Salmane avait comparé la situation actuelle du marché du brut à une « mer agitée ».  

« La situation mondiale est loin d’être homogène et la reprise est loin d’être complète », avait-il expliqué.

Le club des 23 producteurs laisse chaque jour quelque sept millions de barils sous terre, et ajuste ce volume mois après mois. À cela vient s’ajouter un million sabré par Riyad, afin de ne pas inonder le marché avec un or noir qu’il ne peut absorber en raison des dégâts économiques de la pandémie de COVID-19.

Sans une telle action, les risques de saturation des capacités de stockage, limitées, et de chute des prix, convalescents aux alentours de 60 dollars le baril, mais toujours fragiles, sont bien réels.

Optimisme russe

Le « cadeau » saoudien, retrait volontaire et supplémentaire d’un million de barils par jour par Riyad depuis février, reviendra lui aussi progressivement sur le marché, par palier entre mai et juillet, a précisé Abdelaziz ben Salmane lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion.

« Nous constatons que l’économie continue de se redresser », avait souligné en introduction le vice-premier ministre russe Alexandre Novak chargé de l’Énergie.

Mais après un début d’année sous de meilleurs auspices que la précédente, l’éclosion d’une troisième vague de contaminations en Europe et un virus qui se propage à grande vitesse sur des marchés porteurs pour la demande de brut comme l’Inde ont douché le moral de la plupart des producteurs et agité fortement les marchés ces dernières semaines.

Dans son dernier rapport mi-mars, l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) a livré des estimations peu réjouissantes : après le choc sanitaire, la demande mondiale de pétrole devrait mettre deux ans à retrouver ses niveaux d’avant-crise, selon ses pronostics.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) s’est par ailleurs entretenu au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine avant la réunion, a fait savoir le Kremlin, évoquant surtout les initiatives des deux pays en matière de développement durable.

Des échanges ont également eu lieu mercredi entre la partie saoudienne et la ministre américaine de l’Énergie Jennifer Granholm, selon un tweet de cette dernière. Non-membres de l’accord, les États-Unis n’en restent pas moins les premiers producteurs du brut au monde avec 11 millions de barils produits chaque jour.

Fébriles tout au long de la journée, les cours du brut de référence, le Brent et le WTI, grimpaient de près de 2 % à la fin de la réunion, aux alentours de 60 dollars le baril.