(San Francisco) Haley Sacks, alias Mrs. Dow Jones, la pop star de la finance qui enseigne la base des investissements à coup de références populaires sur les réseaux sociaux, fait partie des passionnés qui vont regarder en direct les auditions des personnages de la saga financière GameStop à Washington jeudi.  

« GameStop a été une période incroyablement excitante, parce que les jeunes investisseurs se sont attaqués à l’élite financière. C’est aussi ce que j’essaie de faire », s’enthousiasme-t-elle auprès de l’AFP.

« Il faut continuer à perturber l’ordre établi et faire de la place pour la nouvelle vague », selon elle.

Écoutée par des dizaines de milliers d’abonnés sur Instagram, YouTube, Twitter et Tiktok, Mrs. Dow Jones dispense des cours de finances personnelles : comment faire son budget, où placer son argent, que sont les cryptomonnaies, etc.

Elle doit son succès à son style - trash et cash - et à son humour. L’un de ses contenus récents sur Instagram, par exemple, compare les personnages de la série Bridgerton sur Netflix à des types d’investissements : le duc Simon Basset, réfractaire au mariage dans la fiction, serait ainsi l’équivalent d’une « obligation » (un titre de dette) qui « met super longtemps à mûrir… .. raaaah. ».

Haley Sacks a suivi de près et commenté pour son public (les 18-34 ans) la fièvre spéculative qui a visé plusieurs sociétés cotées à Wall Street en début d’année.

IMAGE TIRÉE DU SITE MRSDOWJONES.COM

Haley Sacks

« Transition du pouvoir »

Des amateurs de jeux vidéo et boursicoteurs ont acheté en masse des actions de la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop, entre autres, pour donner tort à de grands fonds spéculatifs et à des barons de Wall Street, qui avaient misé sur un effondrement boursier de ces entreprises.

« Wall Street méprise les petits porteurs et l’affaire a permis de tirer la sonnette d’alarme sur cette situation », analyse-t-elle. « Cela a généré beaucoup d’intérêt sur la nécessité pour chacun de comprendre comment ça marche ».

Vlad Tenev, le patron de l’application de courtage Robinhood, fait partie des personnalités qui seront entendues par les députés américains.  

De nombreux clients s’étaient plaints des limitations imposées soudainement par la plateforme sur les transactions portant sur les titres de sociétés soutenues par ces boursicoteurs.

« C’est le même Robinhood qui nous parlait de démocratiser la finance pour tous, donc tout le monde est en train de péter un câble », s’était amusée Mrs Dow Jones sur le réseau social TikTok. « Mais au cœur de tout ça, ce qui se passe, c’est une transition du pouvoir vers les individus ».

Haley Sacks s’est toujours intéressée au monde de la finance. Surtout quand elle a été engagée par une boîte de production comme créatrice de contenus, et que son contrat comprenait un plan 401(k), le système d’épargne retraite par capitalisation.

Club non exclusif

« J’avais des décisions financières à prendre. Je suis allée chercher les réponses sur YouTube. Mais il n’y avait que des vidéos faites par des hommes ennuyeux, sans charisme », se souvient-elle. « Les femmes donnaient des conseils pour épargner, les hommes parlaient d’investissements ».

Il y a trois ans, forte de ses nouvelles connaissances, et virée par son employeur en faillite, elle lance Mrs Dow Jones pour éduquer tous ceux qui veulent apprendre à faire fructifier leur argent, sans bailler.

À 29 ans, elle emploie désormais 6 personnes et a généré « des revenus à 6 chiffres » en 2020 grâce à des partenariats publicitaires, des invitations à s’exprimer et ses produits dérivés.  

Sur son site web, le pantalon en velours avec « assets » (« actifs » ou « capitaux ») écrit en travers des fesses, en typographie bling-bling, est épuisé.  

Ses admirateurs peuvent en revanche se procurer celui imprimé « Janet Yellen », du nom de l’ancienne présidente de la puissante banque centrale américaine (Fed) et première femme ministre de l’Économie et des Finances (Trésor).

Cette année, Haley Sacks va aussi commercialiser des cours en ligne, vendus directement aux consommateurs, alors qu’elle a elle-même repris ses études pour devenir conseillère financière pour particuliers et entreprises.

Mais sa principale motivation n’a pas changé : « Wall Street aime l’idée d’être sélect. De faire partie d’un club fermé. Ma plateforme sert de pont entre Wall Street et tout le monde ».