(New York et Toronto) Les trois principaux indices de la Bourse de New York ont perdu plus de 2 % mercredi, à l’issue d’une séance secouée par la Fed, qui diagnostique un affaiblissement de la reprise, et des agitations spéculatives.

Selon des résultats définitifs, l’indice des valeurs vedettes Dow Jones a lâché 2,05 % à 30 303,17 points. Le NASDAQ, à forte concentration technologique, a abandonné 2,61 % à 13 270,60 points, tandis que le S&P 500, le plus représentatif du marché américain, a chuté de 2,57 % à 3750,77 points.

La Bourse de Toronto a enregistré sa pire séance en trois mois, effaçant les gains impressionnants qu’elle avait réalisés depuis le début de 2021.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a plongé de 354,98 points pour terminer la séance avec 17 424,43 points. C’est son plus faible cours de clôture depuis le 14 décembre. Le marché avait commencé l’année en lion, grimpant de 3,5 % dans sa première semaine de 2021.

« L’humeur qui sous-tend le marché est en grande partie celle de la prudence et de l’aversion au risque aujourd’hui, et les investisseurs prennent une pause après une longue période de gains, mais rien de particulier ne peut empêcher la vente », a observé Candice Bangsund, gestionnaire de portefeuille chez Fiera Capital.

Elle a noté que la pause des investisseurs survenait alors que persistent des incertitudes au sujet de la COVID-19 et de son impact économique pour évaluer les valorisations boursières élevées.

Bien qu’elle ne partage pas le point de vue de certains quant à la formation d’une bulle boursière, Mme Bangsund estime le recul de mercredi pourrait annoncer une correction de l’ordre de 10 %.

« Si vous regardez le sentiment des investisseurs (et) les aspects techniques, la reprise semble un peu étirée et le sentiment approche de l’euphorie », a-t-elle souligné lors d’une entrevue.

« Ce sont généralement les conditions préalables à un retrait à court terme, donc je ne serais pas surprise de voir des prises de bénéfices. »

Cependant, Mme Bangsund continue de croire que les perspectives à long terme restent extrêmement brillantes, surtout plus tard dans l’année.

Neuf des onze secteurs de la Bourse de Toronto ont reculé mercredi, en particulier ceux des matériaux, de l’industrie, de la consommation discrétionnaire et de la finance.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 78,28 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 78,73 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a pris 24 cents US à 52,85 $ US le baril, tandis que celui de l’or a perdu 6 $ US à 1844,90 $ US l’once. Le prix du cuivre a pour sa part plongé de 6,2 cents US pour terminer la journée près de 3,56 $ US la livre.

« Long chemin avant une pleine reprise économique »

Dès la publication en début d’après-midi du communiqué du Comité monétaire de la Fed, notant un « affaiblissement » de l’activité de l’emploi ces derniers mois, les indices, qui évoluaient déjà dans le rouge, ont creusé leurs pertes.

« Un long chemin avant une pleine reprise économique », « des perspectives hautement incertaines » : Jerome Powell, le président de la Banque centrale a tempéré l’optimisme ambiant, martelant que la bonne santé de la première économie du monde restait suspendue aux développements de la pandémie et au rythme de la vaccination.

« La Fed a reconnu que la reprise économique s’était affaiblie au cours des deux derniers mois de l’année dernière », a souligné Paul Ashworth de Capital Economics.  

La Banque centrale « a maintenu son langage selon lequel les achats d’actifs vont se poursuivre au rythme actuel jusqu’à ce que de nouveaux progrès substantiels aient été accomplis », notaient aussi les analystes de Wells Fargo soulignant que la qualification de ces futurs progrès « manquait de clarté ».

Poussée spéculative

Le marché boursier était déjà mal parti en début de séance alors que les investisseurs semblaient « aux prises avec la récente flambée des valorisations exacerbées par une spéculation croissante », soulignait-on chez Schwab.

Ils se montraient préoccupés par la frénésie autour d’actions comme celle du distributeur de jeux vidéo GameStop (+134 % en clôture à 347,51 $) ou celle d’AMC Entertainment Holdings (+301 % à 19,90 $).

GameStop, une chaîne plutôt en difficulté, fait l’objet depuis cinq jours d’une bataille entre des fonds spéculatifs qui avaient misé sur la chute du titre et des boursicoteurs qui le défendent.

Cette montée des titres « pousse les hedge funds » qui avaient parié sur leur baisse, « à devoir liquider des positions et à lever des fonds » pour couvrir leurs paris, a expliqué Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services. Interrogé sur ces poussées spéculatives, le patron de la Fed s’est gardé de commenter.

Sur le front de la macro-économie, le Fonds Monétaire International (FMI) a en outre lancé de nouveau un signal d’alarme, à l’occasion de ses prévisions économiques mondiales, sur un possible « risque de correction des marchés ».

Boeing a lâché presque 4 % après des résultats douloureux avec la pandémie, accusant une perte de 11,9 milliards de dollars en 2020. Microsoft, malgré des résultats faramineux la veille, a stagné (+0,25 %).

Après la clôture, les bons résultats des poids lourds de la technologie ne changeaient guère la donne. Malgré ses 11 milliards de dollars de profits au dernier trimestre, Facebook grappillait 0,18 % après la clôture après avoir terminé en chute de 3,51 %.

Apple et son chiffre d’affaires record de plus de 111 milliards de dollars restait stable dans les échanges électroniques après la cloche de fermeture.

Tesla qui a dégagé un bénéfice moins bon que prévu au quatrième trimestre voyait son titre chuter de 4 % après la clôture.

Sur le marché obligataire, le rendement à 10 ans sur les bons du Trésor cédait du terrain à 1,0093 % contre 1,0347 % mardi.