(New York et Paris) HSBC, Deutsche Bank, JPMorgan Chase… ces grands noms de la finance étaient malmenés en Bourse lundi, après les révélations d’un consortium de journalistes qui les accusent d’avoir permis le blanchiment d’argent sale à grande échelle.

À Francfort, Deutsche Bank a chuté de 8,76 % tandis que Standard Chartered, également cité dans l’enquête, a perdu 5,82 % à Londres.  

À Hong Kong, HSBC est tombée à son plus bas depuis 25 ans. Au-delà des accusations du consortium, l’établissement pourrait essuyer des sanctions de Pékin dans le cadre de mesures de représailles contre certains pays étrangers.

Également mentionnée dans l’affaire, pour avoir aidé des clients en Pologne à transférer des fonds suspects en dehors de Russie, la Banque ING a dégringolé de 9,27 % à Amsterdam.

La banque française Société Générale était également visée par l’enquête qui lui reproche un manque de transparence vis-à-vis de certains clients de sa filiale suisse SGPB. Elle a cédé 7,66 % à Paris.

À Wall Street, le géant JPMorgan Chase a lâché 3,09 %. Dans son sillage, Bank of America a abandonné 2,94 % et Wells Fargo 4,34 %.  

Dans son enquête menée par 108 médias internationaux, de 88 pays, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dénonce les carences de la régulation du secteur.

Argent sale

L’enquête « FinCEN Files » est fondée sur des milliers de « rapports d’activité suspecte » (SAR en anglais) adressés aux services de la police financière du Trésor américain (FinCen) par des banques du monde entier, mais « gardés hors de la vue du public ».  

Selon l’ICIJ, des montants astronomiques d’argent sale ont transité durant des années par les plus grandes institutions bancaires du monde.

Ces documents portent sur 2000 milliards de dollars de transactions, effectuées entre 1999 et 2017. Il s’agirait d’argent provenant de la drogue et d’actes criminels ou encore de fortunes détournées des pays en développement.

L’investigation pointe notamment du doigt cinq grandes banques – JPMorgan Chase, HSBC, Standard Chartered, Deutsche Bank, et Bank of New York Mellon – accusées d’avoir continué à faire transiter des capitaux de criminels présumés, et ce même après avoir été poursuivies ou condamnées pour faute financière.

Cependant, les rapports d’activité suspecte « ne sont pas des déclarations de crime ou de fraude, mais alertent sur des cas potentiels de crime économique », fait valoir UK Finance, le lobby de la finance britannique, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Des activités supplémentaires peuvent survenir et ne présenter aucune suspicion ou au contraire confirmer le soupçon originel […]. Les autorités de tutelle peuvent aussi demander à un établissement financier de maintenir la relation client afin de permettre des investigations plus poussées », met en avant UK Finance.

Pour le patron du lobby bancaire américain Bank Policy Institute, Greg Baer, il est aussi « absurde que les médias se reposent, pour accuser les banques d’avoir caché des activités illégales, sur les rapports d’activités suspectes transmises par ces mêmes banques aux autorités ».  

Informations « bien connues »

JPMorgan Chase, la première banque américaine, souligne qu’elle ne peut pas se défendre sur le contenu des accusations puisqu’elle a l’interdiction de discuter de ces rapports d’activité suspecte.  

Mais, fait-elle valoir, elle dédie « des milliers de personnes et des centaines de millions de dollars » à la lutte contre la criminalité financière.

De son côté, HSBC présente les accusations de l’ICIJ comme anciennes et antérieures à un accord conclu sur le sujet en 2012 avec le département américain de la Justice. Elle dit aussi avoir, depuis, renforcé ses capacités de contrôle.

Deutsche Bank assure également que les révélations du consortium étaient en fait des informations « bien connues » de ses régulateurs et a dit avoir « consacré d’importantes ressources au renforcement de ses contrôles ».

ING soutient pour sa part avoir cessé sa relation en 2018 avec une des entreprises incriminées pour avoir collaboré avec sa filiale polonaise, et s’apprêter à faire de même avec la seconde.

Société Générale affirme quant à elle que « tous les cas suspects qu’elle détecte font […] systématiquement l’objet de déclarations auprès des autorités compétentes, ces déclarations comprenant l’intégralité des éléments que la banque est en mesure de communiquer en conformité avec les réglementations locales ».