L’action de Barrick Gold s’est appréciée de 11 % au cours de la première séance boursière de la semaine après la divulgation de l’acquisition d’un bloc d’actions d’une valeur de près de 1 milliard CAN par Berkshire Hathaway.

Un document déposé vendredi auprès de la Securities and Exchange Commission révèle que le conglomérat dirigé par l’investisseur américain Warren Buffett a acheté un bloc de 21 millions d’actions de la société aurifère au deuxième trimestre.

Cet investissement fait réagir puisque Warren Buffett n’est pas reconnu pour investir dans le métal jaune, mais aussi parce que Berkshire a vendu des actions de deux grandes banques américaines au deuxième trimestre (JPMorgan et Wells Fargo).

Sur les réseaux sociaux, des observateurs du milieu financier n’ont pas hésité à faire un lien entre l’achat de titres aurifères par Berkshire et un changement dans l’évaluation des perspectives économiques par Warren Buffett.

François Rochon, admirateur québécois de longue date de Warren Buffett, se dit quelque peu surpris par le dévoilement de cette participation dans Barrick Gold, mais croit fermement que ce n’est pas une décision prise par Warren Buffett.

« C’est probablement la décision de l’un des deux autres gestionnaires. Ted Weschler et Todd Combs sont responsables de la gestion d’environ 12 milliards chacun », dit le gestionnaire de portefeuille de la firme montréalaise Giverny Capital.

« Étant donné la taille de la transaction [moins de 1 milliard de dollars], c’est typique des placements effectués par Ted Weschler et Todd Combs. Warren Buffett a toujours été très sceptique sur les investissements dans l’or. Mais peut-être aussi que ça s’inscrit dans une stratégie plus complexe qu’on ne connaît pas. »

La plus grosse surprise aux yeux de François Rochon reste la vente par Berkshire Hathaway de près de 60 % de ses actions de JPMorgan. « C’est une banque que Buffett a toujours beaucoup admirée. Il a toujours eu de bons mots pour le PDG, Jamie Dimon. Peut-être qu’il a pris cette décision parce qu’il préférait avoir plus d’actions de Bank of America. »

Berkshire Hathaway a effectivement récemment acheté des actions de Bank of America de façon agressive, à coups de centaines de millions.

La vente d’actions de Wells Fargo n’étonne pas François Rochon. « Ça fait plusieurs années que cette banque a des difficultés, dit-il. Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. »

Une action sous-évaluée

L’action de Berkshire Hathaway est par ailleurs sous-évaluée, selon lui. « C’est certain qu’on est déçus de la performance du titre cette année. Je ne crois pas que les fondamentaux de l’entreprise justifient la sous-performance. Les gens ont été déçus que Buffett ne soit pas plus agressif avec les liquidités au plus fort de la pandémie à la fin de mars. Il y avait beaucoup d’occasions. »

D’un autre côté, ajoute François Rochon, Warren Buffett a récemment réalisé des investissements. « Il vient d’investir 10 milliards dans le gaz naturel [Dominion Energy], il vient d’acheter massivement [des actions] de la Bank of America et de racheter pour 5 milliards d’actions de Berkshire, une excellente nouvelle par ailleurs », énumère-t-il.

« Je comprends la déception de ne pas l’avoir vu profiter davantage des aubaines. Mais je ne pense pas que ça justifie l’escompte actuel par rapport à la juste valeur intrinsèque, et surtout relativement aux autres titres du S&P 500. »

Les investisseurs s’intéressent beaucoup aux placements de Berkshire Hathaway en raison de la réputation de Warren Buffett. Mais aussi parce que Berkshire Hathaway jouit d’une position privilégiée pour sonder l’économie, comme l’a souligné Barrage Capital dans sa lettre financière semi-annuelle.

« Ses nombreuses filiales fournissent de précieuses informations en temps réel sur un grand nombre de secteurs, y lit-on. Berkshire est active dans le domaine du transport avec sa compagnie ferroviaire et son concessionnaire automobile, dans le secteur de l’énergie avec ses centrales électriques et ses pipelines de gaz. Elle possède des filiales dans la vente au détail, la fabrication et la vente de maisons, l’assurance et la distribution alimentaire, entre autres. Par conséquent, lorsque [ses dirigeants] Charlie Munger ou Warren Buffett parlent, nous tenons pour acquis qu’ils disposent de ce genre d’information, apportant ainsi beaucoup de crédibilité à leurs propos. »