(New York) Netflix a plongé en Bourse jeudi après avoir déçu les investisseurs alors même que le géant du streaming a su séduire plus de 10 millions de nouveaux abonnés cherchant à se distraire pendant la pandémie.

Depuis le début de l’année, la plateforme a au total attiré 26 millions de nouveaux abonnés payants, alléchés par les milliers d’heures de programmes proposées par Netflix au moment où la COVID-19 forçait nombre d’entre eux à rester chez eux, fermait les salles de cinéma et annulait les évènements sportifs.

C’est presque autant que les 28 nouveaux millions de membres captés sur l’ensemble de l’année 2019, remarque Netflix, qui compte désormais 192,95 millions d’abonnés.  

« Cependant, comme attendu, la croissance ralentit au fur et à mesure que les consommateurs se remettent du choc initial de la COVID-19 et des mesures de restriction », souligne le groupe, qui n’anticipe que 2,5 millions de nouveaux abonnés payants au troisième trimestre.  

En plus de cette prévision décevante, l’entreprise californienne a dévoilé des bénéfices inférieurs aux attentes.  

Netflix a certes plus que doublé ses profits au deuxième trimestre en gagnant 720 millions de dollars. Mais ajusté par action, la référence pour les investisseurs, le bénéfice s’élève à 1,59 dollar, là où les analystes anticipaient 1,81 dollar. A Wall Street, le titre a perdu plus de 12 % dans les échanges électroniques avant de se reprendre un peu.

Pour Daniel Ives, de Wedbush Securities, cette péripétie n’est cependant qu’un « accroc temporaire » lié au fait que les attentes du marché étaient « exubérantes ».

Nouveau patron

Les internautes ont notamment apprécié les séries Never Have I Ever de Mindy Kaling et Space Force avec Steve Carell.  

Les émissions de télé-réalité Love is blind, Too Hot to Handle et le jeu Floor is Lava ont aussi beaucoup séduit, Netflix misant de plus en plus sur ce genre de contenus.  

« Nous essayons de devenir la destination de choix pour le divertissement. Ignorer un genre qui domine les programmes serait idiot », a remarqué jeudi le responsable des contenus Ted Sarandos.  

Côté films, Da 5 Bloods de Spike Lee, Extraction avec Chris Hemsworth et The Wrong Missy avec David Spade ont particulièrement bien marché.

Le groupe souligne par ailleurs reprendre « doucement » la production de contenus dans le monde après une pause pendant la pandémie.  

Des projets sont déjà bien repartis en Asie, dans quelques pays européens et en Amérique du Nord, même si « les tendances actuelles sur les nouvelles infections créent plus d’incertitude » aux États-Unis.  

Dans la mesure où les temps de production sont assez longs, les lancements de séries et de films originaux prévus pour 2020 sont dans l’ensemble restés intacts, affirme Netflix.

Pour 2021, le groupe anticipe que le nombre de sorties sera le même, mais qu’elles seront plus concentrées au deuxième semestre.

Netflix ne s’inquiète pas particulièrement de ce retard.  

« La pandémie et les pauses de production ont un impact similaire sur nos concurrents et nos fournisseurs », avance la plateforme.

La concurrence est pourtant devenue féroce entre Amazon Prime Video, Disney+, Apple TV+, HBO Max ou encore le récent Peacock de NBCUniversal.  

« De plus, la croissance de TikTok est hallucinante, démontrant ainsi la fluidité du divertissement sur l’internet », souligne l’entreprise en référence à l’application plébiscitée par les plus jeunes.  

Mais la plateforme n’hésite pas à dépenser pour permettre aux internautes « de juste venir sur Netflix et de naviguer de succès en succès et ainsi ne jamais avoir l’idée d’aller sur un autre service », a remarqué jeudi le patron de Netflix Reed Hastings.

« Même si le confinement est assoupli et que de nouveaux concurrents commencent à étendre leurs services, Netflix conservera son avance en tant que premier fournisseur de divertissement », prédit Eric Haggstrom, analyste pour eMarketer.

Le groupe ne dépend pas du sport, d’évènements en direct ou de la publicité et contrairement à d’autres nouveaux venus sur le marché, n’a pas « à gérer le délicat équilibre entre la vente de contenus à des partenaires historiques ou la mise en ligne de contenus sur un nouveau service de streaming », remarque le spécialiste.

Netflix a aussi annoncé jeudi que Ted Sarandos était nommé co-directeur général aux côtés de Reed Hastings.

Si cela le place en bonne position pour prendre la tête de la plateforme, ce dernier a affirmé qu’il avait bien l’intention de continuer à travailler à Netflix « toute la prochaine décennie ».