(New York) Les prix du pétrole sont repartis en nette baisse lundi après le report, à jeudi, d’une réunion de l’OPEP et ses alliés destinée à éventuellement limiter l’offre excédentaire d’or noir sur le marché mondial.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a lâché 3,2 %, ou 1,06 dollar, pour clôturer à 33,05 dollars.

À New York, le baril américain de WTI pour mai a plongé de 8 %, ou 2,26 dollars, pour finir à 26,08 dollars.

Les deux barils de référence avaient connu un coup d’accélérateur jeudi et vendredi derniers grâce aux signaux sur de nouvelles coupes de la production envoyés par la Russie et l’Arabie saoudite, le Brent grimpant sur l’ensemble de la semaine de 37 % et le WTI de 32 %.

Mais lundi, les prix du brut sont retombés « sous l’effet du report de la prochaine réunion de l’OPEP “à la fin de la semaine, en raison de désaccords sur l’ampleur d’éventuelles réductions de production entre la Russie et l’Arabie saoudite », a constaté Michael Hewson, de CMC Markets.

Le décalage à jeudi d’une réunion initialement prévue lundi des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de leurs alliés a pesé sur les échanges dès le début de la séance asiatique. D’autant que son issue est incertaine.

Cette réunion exceptionnelle par visioconférence doit permettre aux producteurs de discuter d’une réduction massive de la production pour aider le marché de l’or noir à sortir du marasme accentué par la pandémie de COVID-19 et une guerre des prix entre Riyad et Moscou.

La Russie, actrice clé de la négociation en tant que cheffe de file des partenaires du cartel, s’est dite lundi « prête à coopérer […] afin de stabiliser le marché de l’énergie », a indiqué le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov, évoquant « une réduction totale du plafond de 10 millions de barils par jour ».

Mais « pour stabiliser les marchés, il faudrait que les pays qui n’ont pas encore participé à la coordination le fassent », a-t-il ajouté.

Les États-Unis poussent en faveur d’un accord pour faire repartir les prix à la hausse, conserver leurs parts de marché et redonner de l’air à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté aux niveaux de prix actuels.

Mais les entreprises américaines n’ont pour l’instant pas vraiment montré qu’elles étaient prêtes à réduire aussi leur production : selon les derniers chiffres hebdomadaires officiels, le pays extrayait encore fin mars 13 millions de barils par jour, tout près de son niveau record.

« Le marché devient de plus en plus sceptique face à l’idée, compliquée, que les producteurs américains puissent faire partie d’un effort coordonné d’une réduction de la production mondiale, dans la mesure où cela pourrait enfreindre les règles sur la concurrence », a remarqué Robbie Fraser de Schneider Electric.  

L’équilibre reste par ailleurs fragile entre les géants mondiaux du pétrole, comme l’illustre la passe d’armes entre l’Arabie saoudite, leader de l’OPEP, et la Russie qui a précédé cet ajournement, les deux pays s’accusant mutuellement d’avoir fait échouer de manière spectaculaire leurs précédentes discussions au début du mois de mars.

Par ailleurs, l’industrie pétrolière mondiale « connaît un choc sans précédent dans son histoire », a redit l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) dans un communiqué lundi.