(New York) La Bourse de New York a finalement terminé dans le vert jeudi une séance en dents de scie, hésitant entre l’envol des cours du pétrole et l’explosion des demandes d’allocations chômage aux États-Unis.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a pris 2,24 % pour finir à 21 413,44 points. Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a gagné 1,72 %, à 7487,31 points. L’indice élargi S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, s’est apprécié de 2,28 %, à 2526,90 points.

Les indices ont été tirés par les prix des barils de pétrole qui, à New York (+25 %) comme à Londres (+21 %), ont enregistré la plus forte hausse de leur histoire.

La Bourse de Toronto a clôturé en hausse soutenue par les titres du secteur de l’énergie, qui ont bondi avez le cours du pétrole, stimulé par la promesse d’un cessez-le-feu dans la guerre de prix qui oppose la Russie et l’Arabie saoudite.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a gagné 221,36 points pour terminer la journée avec 13 097,76 points.

Neuf des onze secteurs du TSX ont progressé jeudi, celui de l’énergie en tête avec un bond de 9,36 %. Le secteur des matériaux s’est aussi distingué avec un gain de 4,29 %.

Les deux seuls groupes qui ont enregistré des reculs sont ceux des technologies de l’information et de la consommation discrétionnaire, qui ont cédé 3,23 % et 2,25 % respectivement.

Ils se sont envolés après des tweets du président américain, Donald Trump, promettant une réduction de la production russe et saoudienne pour rééquilibrer un marché de l’or noir dévasté par la pandémie de COVID-19. Des doutes sont toutefois rapidement apparus sur les affirmations du locataire de la Maison-Blanche, qui a évoqué une baisse de 10 à 15 millions de barils, et les indices se sont temporairement repliés.

Les majors en ont en tout cas bien profité, ExxonMobil s’envolant de 7,65 % et Chevron de 11,03 %. Le sous-indice représentant le secteur de l’énergie au sein du S&P 500 a bondi de 9,07 %.

En début de séance, les investisseurs avaient été ébranlés par les chiffres sur les nouvelles demandes d’allocations chômage, qui ont montré que 6,6 millions de personnes avaient déposé un dossier la semaine dernière.  

Cela représente le double de la semaine précédente.

« Il faut garder à l’esprit que de nombreuses personnes supplémentaires ont sans doute essayé de s’inscrire, mais n’ont pas pu le faire en raison de systèmes saturés », remarque Christopher Low, économiste chez FTN Financial.

Avec près de 10 millions de personnes ayant déposé des dossiers d’allocations chômage en deux semaines, sur les 152,3 millions de travailleurs en activité en février, le taux de chômage est « désormais probablement aux environs de 10 % », avance-t-il.  

Ce chiffre ne devrait toutefois pas apparaître dans le rapport mensuel sur l’emploi aux États-Unis qui sera publié vendredi. Celui-ci ne prendra pas entièrement en compte les mesures de confinement massives imposées progressivement dans plusieurs États américains depuis mi-mars, qui ont obligé de très nombreuses entreprises à fermer ou à réduire drastiquement leur activité.

Mais les statistiques sur les demandes d’allocations chômage reflètent déjà le fort impact de la crise sanitaire sur l’économie et ont ravivé les craintes des investisseurs sur ses conséquences pour les entreprises cotées en Bourse.  

Dernier exemple en date : Boeing a annoncé jeudi la mise en œuvre d’un plan de départs volontaires. Son titre a reculé de 5,68 %.

Pour Eric Freedman, responsable de la stratégie d’investissement chez U. S. Bank, « l’accès de faiblesse que l’économie mondiale va devoir encaisser n’est pas encore complètement intégré par les marchés ».  

Sur les chômeurs par exemple, « la question est de savoir combien seront réembauchés grâce aux divers plans d’aides annoncés la semaine dernière », estime-t-il. Et la réponse « est loin d’être évidente ».  

Sur le marché obligataire, le taux à 10 ans sur la dette américaine se stabilisait et évoluait à 0,580 %, contre 0,583 % mardi à la clôture.

La chaîne de cafés chinoise Luckin Coffee, qui ambitionne de concurrencer Starbucks, s’est pour sa part effondrée de 75,07 % à la Bourse de New York, où elle est cotée. Le groupe a annoncé avoir suspendu son directeur des opérations, qui aurait gonflé le chiffre d’affaires pendant une bonne partie de l’année 2019, et avoir formé un comité spécial pour enquêter sur cette malversation présumée.