(New York et Toronto) La Bourse de New York a terminé dans le rouge mardi le pire trimestre depuis 1987 pour le Dow Jones et depuis 2008 pour le S&P 500, alors que la pandémie de coronavirus continue de hanter les investisseurs.  

Le Dow Jones Industrial Average a cédé 1,84 % pour finir à 21 917,16 points, ce qui représente une baisse de 13,7 % sur le mois et de 23 % depuis le début de l’année.  

Sur le trimestre, l’indice vedette de Wall Street a été lesté par la chute de quelques-unes de ses valeurs phares, à commencer par le constructeur aéronautique Boeing (-54 %) ou la major pétrolière Chevron (-46 %).

L’indice élargi S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, a baissé de 1,60 % mardi, pour clôturer à 2584,69 points. Il s’affiche ainsi en baisse de 12,5 % en mars, de 20 % depuis début 2020.

Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a reculé mardi de 0,95 % à 7700,10 points. Son repli, de 10 % sur le mois, de 14 % sur le trimestre, est moins prononcé.  

La Bourse de Toronto a enregistré son pire premier trimestre depuis au moins la crise financière d’il y a plus de dix ans, même si elle a clôturé en hausse mardi grâce au secteur de l’énergie.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a gagné mardi 340,25 points, soit 2,6 %, à 13 378,75 points.

Sur l’ensemble du trimestre, l’indice vedette a toutefois reculé d’environ 22 %.

« C’en est un pour le livre des records », a observé Craig Jerusalem, gestionnaire de portefeuille pour Gestion d’actifs CIBC.

« Plus que n’importe quoi d’autre, les marchés ont été agacés par la vitesse à laquelle le marché est tombé », a-t-il affirmé lors d’une entrevue téléphonique.

Selon lui, la principale différence entre cette « récession » et les précédentes est que le consommateur américain était bien plus en santé avant que ne survienne cette crise.

Sur le TSX, le secteur clé de l’énergie a avancé de 15,5 %, notamment grâce aux titres de Canadian Natural Energy, de Suncor Énergie et de Cenovus Energy, qui ont respectivement progressé de 22,5 %, 18,4 % et 17,8 % sur de très lourds volumes.

Ces titres ont grimpé après que TC Énergie a annoncé que le gouvernement albertain prendrait une participation dans le projet de pipeline Keystone XL de 8 milliards US, pour financer les coûts de construction initiaux.

« Cela a été un grand soulagement pour les producteurs de pétrole lourd dans l’Ouest canadien, comme Suncor et Canadian Natural », a précisé M. Jerusalim.

En outre, le cours du pétrole brut a avancé après que le président américain Donald Trump a approché le président russe Vladimir Poutine pour entreprendre des négociations visant à mettre fin à la guerre de prix entre la Russie et l’Arabie saoudite, qui a contribué au plongeon des cours du pétrole à des creux de 18 ans.

Le prix du pétrole brut a chuté d’environ 66 % au cours du trimestre, lui qui s’établissait à 61,18 $ US le baril en date du 31 décembre.

Le cours de référence américain de l’or noir a gagné mardi 39 cents US à 20,48 $ US le baril.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 70,49 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 70,64 cents US de la veille.

Ailleurs à la Bourse des matières premières de New York, le cours de l’or a perdu 46,60 $ US à 1596,60 $ US l’once, tandis que celui du cuivre a bondi de 7,25 cents US à 2,23 $ US la livre.

Bon début de journée

Les indices avaient pourtant débuté la séance dans le vert avant d’hésiter, puis de s’enfoncer au fur et à l’approche de la clôture.  

Pour Karl Haeling de LBBW, aucune nouvelle spécifique ne justifiait a priori cette évolution en dents de scie, si ce n’est que les investisseurs s’attendaient peut-être à des ajustements de portefeuilles plus marqués en cette fin de trimestre.  

« La tendance sera probablement dominée dans les prochains jours par les estimations sur la durée de la pandémie », estime-t-il. « On pourra, paraît-il, voir l’économie reprendre vraiment son activité deux semaines après une baisse substantielle des nouveaux cas. Tout cela est sujet à interprétation », remarque M. Haeling.  

Ce qui semble faire peu de doute en revanche aux yeux des investisseurs, c’est le fait que l’économie américaine est entrée en récession. La question est de savoir dans quelle mesure les actions prises par le gouvernement et la banque centrale vont permettre d’en atténuer les effets et d’en limiter la durée.  

Dans le monde, plus de 3,6 milliards de personnes, soit 46,5 % de la population, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester confinées chez elles, selon un décompte de l’AFP.

Plus de 820 000 cas d’infection ont été diagnostiqués dans 185 pays et territoires depuis l’apparition du virus en décembre en Chine, et la maladie a fait plus de 40 000 morts.

Reprise de l’activité en Chine

Signes positifs toutefois, la Chine a fait part d’une reprise inattendue de l’activité dans les secteurs manufacturiers et des services en mars, et les prix du pétrole se sont stabilisés après avoir atteint lundi leur plus bas niveau depuis 18 ans.

Les indicateurs américains du jour étaient pour leur part mitigés.

L’activité économique dans la région de Chicago est ainsi restée en récession en mars pour le neuvième mois d’affilée, mais de façon moins prononcée que prévu par les analystes.

De la même façon, la confiance des consommateurs aux États-Unis s’est nettement détériorée en mars en raison de la propagation du nouveau coronavirus, selon l’indice du Conference Board publié mardi, mais moins qu’attendu.

Parmi les valeurs du jour, le groupe agroalimentaire Conagra a pris 3,93 %. À l’occasion de la publication de ses résultats pour le trimestre fiscal se terminant le 23 février, l’entreprise a souligné avoir constaté « une demande accrue dans ses ventes aux particuliers, liée à la pandémie de COVID-19 » et a en conséquence estimé qu’elle dépasserait ses prévisions pour l’ensemble de l’année fiscale.

Sur le marché obligataire, le taux à 10 ans sur la dette américaine reculait légèrement, et évoluait à 0,663 % contre 0,726 % lundi à la clôture.