(Calgary) Les producteurs de sables bitumineux perdent probablement de l’argent ou atteignent à peine l’équilibre, estiment des analystes, alors que le prix pour le baril de mélange de bitume brut de l’Ouest canadien a chuté lundi jusqu’à 3,82 $ US.

L’analyste Michael Dunn, de Stifel FirstEnergy, à Calgary, estime les prix obtenus pour le bitume sont entrés en territoire négatif à la fin de la semaine dernière, en tenant compte du coût pour le mélange d’huile plus léger qui est nécessaire pour permettre au bitume collant de s’écouler dans un pipeline.

Par ailleurs, l’analyste Matt Murphy, de la firme Tudor Pickering Holt & Co., note que ses chiffres montrent que les réalisations de bitume étaient encore légèrement positives lundi — bien qu’à peine, à un peu moins d’un dollar le baril — parce que le prix du condensat que de nombreux producteurs utilisent comme diluant a également dégringolé.

Aucun des deux calculs n’inclut le coût du transport du brut. M. Murphy souligne que le simple coût de l’envoi du pétrole par pipeline depuis sa source dans le nord de l’Alberta jusqu’au centre de commercialisation de Hardisty, dans le centre de l’Alberta, rendrait presque chaque baril déficitaire.

Les analystes conviennent que la faiblesse des rendements signifie que les sociétés pétrolières tenteront de ralentir la production partout où elles le pourront au cours des prochaines semaines.

M. Dunn estime que les compressions totaliseront « quelques centaines de milliers de barils par jour », mais les risques techniques de la fermeture et du redémarrage des puits de sables bitumineux font en sorte que le bitume continuera à être produit, mais à un rythme plus lent.

De son côté, le pétrole de référence américain West Texas Intermediate (WTI) s’est négocié aussi bas que 19,85 $ US le baril lundi, en matinée, avant de terminer la journée à 20,09 $ US.

« Compte tenu du marché à terme actuel pour les différentiels et les devises (taux de change), nous estimons que la majorité de la production de bitume non valorisé en Alberta (1,5 million de barils par jour en 2019) nécessite un WTI dans le haut de la fourchette entre 20 $ US et 30 $ US le baril pour couvrir les coûts variables, et d’un supplément d’environ 2 $ US à 5 $ US si nous incluons les exigences de capital de maintien », a expliqué M. Dunn dans un rapport.