(Paris) Les marchés européens ont débuté timidement la semaine lundi, à la différence de Wall Street qui évoluait dans le vert, les investisseurs américains anticipant une initiative des banques centrales pour compenser le trou d’air causé par l’épidémie de coronavirus.

Après avoir connu leur baisse hebdomadaire la plus violente en douze ans, les Bourses européennes, emboîtant le pas aux marchés asiatiques, ont clôturé en ordre dispersé, au terme d’une séance marquée par de multiples hésitations et revirements.

La Bourse de Paris a clôturé en hausse de 0,44 % et celle de Londres de 1,13 %. Francfort a cédé de son côté 0,27 %, tandis que Milan a connu une nouvelle séance de forte baisse (-1,50 %), l’Italie ayant enregistré près de 500 nouvelles contaminations en 24 heures.

Du côté de Wall Street, les grands indices évoluaient pour leur part clairement dans le vert, après un début de séance chaotique : peu avant 13 h, le Dow Jones - qui s’est effondré de plus de 12 % la semaine dernière - prenait plus de 3 %, alors que le NASDAQ bondissait de 2,8 %.

« Les actions rebondissent grâce aux espoirs de stimuli » budgétaires et monétaires pour contrer les effets du coronavirus sur l’économie des pays touchés, a souligné David Madden, analyste de CMC Markets.

« Nous en sommes toujours au stade des hypothèses et les nouvelles ne sont toujours pas très rassurantes », a prévenu de son côté Andrea Tuéni, analyste de Saxo Banque, pour qui le marché reste très indécis.

Alors que l’Union européenne a relevé son évaluation du risque à « modéré à élevé », avec un dernier bilan de 2100 cas confirmés dans 18 pays membres, l’OCDE a ramené sa prévision de croissance planétaire de 2,9 % à 2,4 % et prévenu que l’impact pourrait être bien plus fort si l’épidémie dure.

Le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Thierry Breton, a évoqué un risque de récession en Allemagne et en Italie en début d’année. Il a également évalué à un milliard d’euros par mois les pertes pour l’industrie européenne du tourisme.

Mais « face à cet obstacle pour la croissance mondiale, il ne fait pas de doute que les banques centrales vont poursuivre et accentuer leurs politiques très accommodantes. La Banque de Chine a déjà commencé. La Réserve Fédérale américaine (Fed) et la BCE devraient l’accompagner », prévient Emmanuel Auboyneau, gérant associé chez Amplegest.  

Vers une réponse monétaire et budgétaire

Le ministre français Bruno Le Maire a annoncé lundi que les ministres des Finances du G7 et ceux de l’Eurogroupe auraient un entretien téléphonique cette semaine pour « coordonner leurs réponses » face à l’impact du coronavirus sur la croissance mondiale.  

L’attente d’une action des gouvernements et banques centrales n’est pas nouvelle, mais elle s’est renforcée depuis que le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, s’est dit vendredi prêt à agir pour soutenir l’économie américaine si celle-ci était durement affectée.

Les investisseurs ont lu dans son message la possibilité d’une prochaine baisse des taux directeurs américains, potentiellement dès ce mois-ci. Ils pariaient lundi sur une baisse des taux d’un demi-point de pourcentage - un geste rare - lors de la prochaine réunion de la Fed, les 17 et 18 mars.

La Banque d’Angleterre a dit de son côté travailler « étroitement avec le Trésor et la FCA (le régulateur financier, NDLR) ainsi que (ses) partenaires internationaux pour s’assurer que tout est mis en œuvre pour protéger la stabilité financière et monétaire ».

Avant elle, la Banque centrale du Japon (BoJ) s’était clairement engagée à intervenir pour garantir la stabilité des marchés financiers.

Le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, a également appelé lundi les pays de l’UE à agir pour soutenir l’économie, évoquant une « réponse budgétaire coordonnée des pays européens ».  

« Le passage à l’acte va dépendre des évolutions sur le double front de l’épidémie et de la croissance, et sa déclinaison devrait prendre la forme d’une utilisation large des leviers de politique économique disponibles », anticipe Hervé Goulletquer, directeur adjoint de la recherche à la LBPAM.