(New York) Wall Street a clôturé vendredi sur ses plus lourdes pertes hebdomadaires depuis octobre 2008, au pic de la crise financière mondiale, les investisseurs s’affolant de la propagation du coronavirus dans le monde et de ses conséquences économiques.

L’indice vedette de Wall Street, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 1,39 %, à 25 409,36 points. Il a abandonné plus de 3500 points sur l’ensemble de la semaine.

Le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, a baissé de 0,82 %, à 2954,22 points.

Le NASDAQ a lui grappillé 0,01 % à 8567,37 points, limitant ses pertes grâce à plusieurs valeurs technologiques.

Le plus grand indice boursier du Canada a flirté avec une correction vendredi, après avoir plongé pour une sixième séance consécutive, mettant fin à sa pire semaine depuis la crise financière de 2008.

L’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto montrait une perte de 821 points à un certain moment de la séance, ce qui le plaçait en recul de 11,5 % par rapport à son sommet du 20 février. Un indice boursier subit officiellement une correction lorsqu’il affiche une baisse d’au moins 10 % par rapport à ses récents sommets.

L’indice vedette du parquet torontois a cependant repris du poil de la bête et terminé la séance de vendredi sur un recul de 454,39 points, à 16 263,05 points, soit légèrement en deçà du seuil critique de 10 %.

Le TSX avait été forcé de fermer à l’avance, jeudi, en raison de problèmes techniques, ratant ainsi les deux dernières heures de négociations de la journée, pendant lesquelles les grands indices américains ont cumulé des pertes qui les ont officiellement placés en territoire de correction.

Tous les secteurs du parquet torontois ont retraité vendredi, celui des matériaux ayant enregistré la baisse la plus marquée, avec une glissade de 5,17 %.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 74,47 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 74,84 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a rendu 2,33 $ US à 44,76 $ US le baril, tandis que celui de l’or a plongé de 75,80 $ US à 1566,70 $ US l’once. Le prix du cuivre a effacé 3,15 cents US à 2,54 $ US la livre.

Les principaux indices new-yorkais, qui ont évolué très nettement dans le rouge toute la séance de vendredi, sont aussi un peu remontés après des déclarations du président de la Réserve fédérale.

Jerome Powell s’est en effet dit prêt à agir pour soutenir l’économie américaine si celle-ci était durement affectée par le coronavirus, laissant la porte ouverte à une prochaine baisse des taux directeurs américains, actuellement dans une fourchette de 1,50 % à 1,75 %.

Sur l’ensemble de la semaine, les pertes restent toutefois colossales à Wall Street, la place new-yorkaise étant officiellement entrée en période de correction en perdant plus de 10 % depuis la clôture de vendredi dernier.  

Dans un marché particulièrement frileux, les investisseurs se sont tournés massivement vers les obligations, jugées moins risquées que les actions.

Le taux à 10 ans sur la dette américaine a ainsi une nouvelle fois atteint vendredi un plus bas historique, à 1,1143 % en cours de séance, tout comme le taux à 30 ans sur les bons du Trésor américain, tombé à 1,6366 %.

Selon Karl Haeling de LBBW, la peur et la panique face au coronavirus ont été les sentiments prédominants chez les investisseurs.

« Une fois que le virus est arrivé en Italie, le marché s’est dit qu’il allait finir par se propager dans le reste du monde », explique l’expert.

« Le marché a anticipé qu’il pourrait y avoir des mises en quarantaine et qu’au bout du compte ça allait faire basculer l’économie mondiale vers une récession, ou du moins une récession technique », précise-t-il.

Rebond des croisiéristes

Si la Chine était jusqu’à peu l’unique foyer mondial de l’épidémie, le risque s’est démultiplié avec l’émergence de nouveaux pays-sources comme la Corée du Sud, l’Iran et l’Italie.

Le nombre de cas de ce nouveau coronavirus dans le monde s’élevait à 84 117, dont 2870 décès, dans 59 pays et territoires, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles vendredi à midi.

Parmi les valeurs du jour, United Airlines a chuté de 5,2 %. La compagnie aérienne a annoncé réduire son nombre de vols vers le Japon, Singapour et la Corée du Sud et maintenir la suspension de ses trajets entre les États-Unis et plusieurs villes chinoises jusqu’à la fin avril.

Honeywell, qui fournit des équipements aux entreprises, a progressé de 1,6 %. L’entreprise a indiqué dans un communiqué faire face à « une flambée de la demande pour des masques de protection du visage en Amérique du Nord, en Europe et en Chine » et assuré avoir augmenté son rythme de production mondiale.

Les croisiéristes Norwegian Cruise Line (+7,3 %) et Carnival (+5,1 %), qui ont particulièrement souffert de l’affolement autour du coronavirus, sont remontés vendredi.

Par ailleurs, la start-up végane Beyond Meat s’est effondrée de 15,6 % après avoir annoncé avoir de nouveau perdu de l’argent au quatrième trimestre, et ce en dépit d’un triplement de ses ventes.

Au rang des indicateurs, l’inflation aux États-Unis est restée quasi stable en janvier par rapport à décembre, à +0,1 %, mais un peu inférieure aux attentes des analystes, selon l’indice PCE publié vendredi.