(New York) La Bourse de Toronto a enregistré mardi sa pire séance en quatre ans et demi, son indice de référence ayant plongé de plus de 100 points pour une troisième journée consécutive en raison des inquiétudes liées à l’éclosion du nouveau coronavirus.

L’indice composé S&P/TSX a perdu 385,37 points, soit 2,2 %, pour clôturer à 17 177,37 points. Il s’agissait de sa plus forte baisse en une seule journée depuis août 2015.

Tous les secteurs du parquet torontois ont reculé mardi. Les pertes les plus prononcées ont été celles des groupes des technologies de l’information, de la consommation discrétionnaire et de la santé, qui ont respectivement cédé 3,36 %, 3,35 % et 3,31 %.

À New York, le Dow Jones Industrial Average, a chuté de 3,15 % à 27 081,36 points. L’indice vedette de la Bourse new-yorkaise s’est effondré de près de 7 % depuis le début de la semaine.

Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a abandonné 2,77 % à 8965,61 points et l’indice élargi S&P 500 a lâché 3,03 % à 3128,21 points.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 75,30 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 75,31 cents US de la veille.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a perdu 1,53 $ US à 49,90 $ US le baril, tandis que celui de l’or a reculé de 26,60 $ US à 1650,00 $ US l’once. Le prix du cuivre a pour sa part avancé de 0,1 cent US à 2,58 $ US la livre.

Les marchés boursiers américains ont ainsi rendu tous les gains cumulés depuis le début de l’année, et montrent une baisse de jusqu’à 8,9 % par rapport à leurs sommets records des deux dernières semaines.

Le S&P/TSX a pour sa part accumulé des pertes de 766,69 points, soit 4,3 %, dans les trois dernières séances, et affiche une baisse de 4,4 % par rapport à son sommet record du 20 février.

Howard Silverblatt, spécialiste des indices chez S&P Dow Jones Indices, estime que le S&P 500 a perdu au total 810 milliards de dollars mardi, 2138 milliards depuis son record mercredi dernier.

Selon Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services, les acteurs du marché s’alarment devant la propagation à grande échelle de l’épidémie de pneumonie virale, notamment en Italie où les autorités ont fait état mardi soir de 322 cas, dont dix décès.

« Pour un investisseur américain, ce n’est pas l’Italie au niveau économique qui l’inquiète, mais le fait que, petit à petit, il faut absolument revoir à la baisse les taux de croissance globaux », explique l’expert.

Les perspectives d’un rebond rapide s’éloignent alors que de plus en plus d’entreprises annoncent s’attendre à pâtir des conséquences économiques du coronavirus, ajoute-t-il.

La compagnie aérienne United Airlines (-6,5 %) a, par exemple, suspendu lundi soir ses prévisions financières pour 2020, expliquant que « l’éventail des scénarios possibles » liés au nouveau coronavirus était « trop large pour fixer actuellement des objectifs ».

L’entreprise s’inscrit ainsi dans le sillage de plusieurs grandes sociétés ayant prévenu que l’épidémie allait affecter leurs résultats, à l’instar d’Apple, de Procter & Gamble ou de Coca-Cola.

Le conseiller économique de la Maison-Blanche Larry Kudlow s’est voulu rassurant en déclarant, mardi sur la chaîne d’informations financières CNBC, que l’épidémie ne serait pas une tragédie au niveau économique pour les États-Unis malgré certains accrocs inévitables.

« Si vous investissez sur le long terme, je pense qu’il faut sérieusement songer à revenir sur le marché des actions où les résultats ont été excellents sur la longue durée », a par ailleurs assuré M. Kudlow, faisant écho à un tweet publié la veille par Donald Trump, qui s’est dit enthousiaste sur la santé du marché boursier américain.

Taux obligataires au plus bas

L’aversion au risque restait toutefois très forte mardi, le taux sur la dette américaine à 10 ans étant descendu à son plus bas niveau historique, à 1,3055 %, aux alentours de 19 h 10 GMT. Une baisse du taux obligataire est synonyme d’une augmentation des prix des bons du Trésor, et donc d’une demande en hausse.

Le taux à 30 ans sur les bons du Trésor américain évoluait lui aussi à un plus bas historique, étant tombé à 1,7852 % plus tôt dans la journée.

« Quand l’argent sort d’un marché, il va se positionner ailleurs ou bien il reste en argent comptant », précise M. Volokhine.

« Pour le moment, il va évidemment se positionner dans le marché obligataire américain, mais aussi dans les marchés obligataires européens. C’est un pur réflexe de peur », poursuit-il.

Parmi les secteurs les plus touchés par le nouveau plongeon de Wall Street, les majors pétrolières, comme Occidental (-8,3 %), ExxonMobil (-3,8 %) ou Chevron (-3,8 %), ont été en première ligne, pâtissant des craintes d’un net recul de la demande mondiale en énergie.

Les entreprises liées au secteur du voyage, comme les compagnies aériennes Delta Air Lines (-6,2 %) et American Airlines (-9,2 %) ou les croisiéristes Carnival (-5,1 %) et Norwegian Cruise Line (-7,7 %), ont également été touchées de plein fouet.

Parmi les autres valeurs, MasterCard a cédé 3,3 %. Le groupe a annoncé, mardi, un changement de direction et émis, lundi soir, un avertissement sur résultat pour indiquer qu’il allait revoir ses objectifs de vente à la baisse.

Expedia a reculé de 3,0 %. Le voyagiste américain va supprimer quelque 3000 emplois, soit environ 12 % de ses effectifs mondiaux, après une année 2019 jugée « décevante ».

L’enseigne de bricolage et d’aménagement de la maison Home Depot a baissé de 0,9 % malgré des prévisions optimistes mardi pour 2020.

Mallinckrodt a grimpé de 13,9 %. Le laboratoire, mis en cause dans la crise des opiacés, a annoncé avoir conclu un accord de principe prévoyant le versement de 1,6 milliard de dollars et le dépôt de bilan de son activité de médicaments génériques.