(New York) Le prix du pétrole coté à New York a chuté lundi, rattrapé comme le reste des marchés financiers par un vent de panique face à la propagation du coronavirus hors de Chine, qui pourrait freiner significativement la demande mondiale d’or noir.  

Le baril de référence aux États-Unis, le WTI pour livraison en avril, a terminé en baisse de 3,7 %, ou 1,96 dollar, à 51,42 dollars, après avoir plongé de près de 5,5 % en cours de séance.  

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance a dégringolé de 3,8 %, ou 2,20 dollars, à 56,30 dollars à Londres. Il a perdu jusqu’à 5,8 % plus tôt dans la journée.

« La propagation de l’épidémie en Italie et en Corée du Sud met les prix du pétrole sous pression », a résumé Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank.

Deux mois après l’apparition du nouveau coronavirus dans le centre de la Chine, l’épidémie s’est accélérée lundi à travers le globe, avec des bilans en forte hausse de la Corée du Sud à l’Iran en passant par l’Italie.  

Tout en reconnaissant un déclin en Chine, pays d’origine de la maladie, depuis début février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a évoqué un risque de « pandémie ».

La forte baisse des cours de l’or noir lundi met en tout cas fin à la progression du Brent et du WTI, qui était de respectivement 10 % et 8 % depuis une reprise amorcée le 10 février.

« Ce changement rapide s’explique par les préoccupations relatives à la demande : si de plus en plus de pays et de continents sont touchés par le virus, le ralentissement de l’activité économique et des voyages sera d’autant plus important », a relevé M. Fritsch.

« On n’est pas encore sorti d’affaire », abondent les analystes de Goldman Sachs. « L’économie (chinoise) n’a pas encore vraiment redémarré, créant des surplus (pétroliers) importants sur des marchés clés », remarquent-ils dans une note. « Ces perturbations créent des goulots d’étranglement dans les voies habituelles de transport à travers le monde », ajoutent-ils.  

Si la promesse par Pékin de mesures de soutien à l’économie avait permis jusqu’à présent de limiter les dégâts et d’alimenter la hausse des cours du brut, cette progression était, à leurs yeux, « trop importante ».  

Les acteurs de marché se tournent désormais vers les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs alliés qui se retrouvent la semaine prochaine à Vienne pour tenter d’apporter côté offre une réponse à la mesure des risques qui pèsent sur la demande.

Pour les analystes de Goldman Sachs toutefois, la forte baisse des exportations de pétrole libyen suite aux blocages de terminaux pétroliers ainsi que les sanctions imposées récemment par Washington à l’encontre d’une filiale du géant russe Rosneft qui transportait de 50 % à 65 % des exportations de pétrole vénézuélien « pourrait éliminer le besoin pour l’OPEP de décider de coupes supplémentaires ».