(New York) Les prix du pétrole ont subi un sérieux accès de faiblesse jeudi, s’enfonçant un moment de plus de 5 %, menacés par un déséquilibre entre une demande suspendue à l’évolution de la pandémie et une offre amenée à croître.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a fini à 42,94 dollars à Londres, en baisse de 1,9 % ou 81 cents par rapport à la clôture de mercredi. Il a touché un plus bas en séance à 41,38 dollars.

À New York, le baril américain de WTI pour le même mois a lâché 3,3 % ou 1,35 dollar à 39,92 dollars, après être tombé jusqu’à 38,72 dollars dans la journée.

« Les doutes sur la force de la reprise économique mondiale s’accentuent et les inquiétudes concernant l’offre excédentaire reviennent », a estimé Edward Moya, analyste de Oanda.

L’entrée officielle des États-Unis en récession a été l’élément déclencheur d’une brusque chute des cours du brut, déjà dans le rouge en début de séance européenne.

Le PIB de la première économie mondiale a en effet accusé une baisse historique de 32,9 % au deuxième trimestre, en rythme annualisé, sous l’effet de la pandémie de COVID-19, selon une estimation préliminaire du département du Commerce publiée jeudi.

Ce mauvais chiffre économique vient s’ajouter à celui du nombre record de morts de la COVID-19 aux États-Unis, qui a franchi mercredi la barre des 150 000.

« Le nombre de morts aux États-Unis suscite l’inquiétude de tous les marchés, notamment ceux des matières premières », a estimé Bjørnar Tonhaugen, analyste de Rystad Energy.

« Les investisseurs commencent maintenant à reconnaître que les nouvelles contaminations à la COVID-19 présentent un danger très réel pour la reprise de la demande de pétrole », a-t-il ajouté, insistant sur la situation préoccupante des États-Unis.

Devant ces signaux alarmants pour la demande de brut, les investisseurs se préparent au retour sur le marché d’une importante quantité de pétrole à compter du 1er août par les pays producteurs de l’OPEP+, qui pourrait ne pas trouver preneur, remplir rapidement les capacités de stockage disponibles et faire glisser encore davantage les cours.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés, dont la Russie, se sont mis d’accord mi-juillet pour alléger à partir du mois prochain les coupes historiques qu’ils réalisent dans leur production depuis le mois de mai.

Les cours du pétrole ont également baissé jeudi dans le sillage d’un tweet de Donald Trump qui a évoqué pour la première fois la possibilité d’un report de l’élection présidentielle de novembre, bien qu’il n’ait pas le pouvoir de décréter une telle mesure.