(New York et Toronto) Wall Street a terminé en nette hausse mercredi, les investisseurs faisant preuve d’un enthousiasme prudent face à un possible ralentissement de la pandémie de coronavirus aux États-Unis et dans le monde.

Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a grimpé de 3,44 %, à 23 433,57 points.  

Le NASDAQ, à forte coloration technologique, a gagné 2,58 %, à 8090,90 points, et le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, s’est apprécié de 3,41 %, à 2749,98 points

L’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a gagné 311,57 points, soit 2,3 %, pour terminer la séance à 13 925,71 points, soutenu par son secteur de l’énergie.

Cette nouvelle progression des actions a ramené le marché en territoire haussier, puisqu’il se situe désormais 20 % au-dessus de son creux du 23 mars, a observé Candice Bangsund, gestionnaire de portefeuille chez Fiera Capital.

« Le moral aujourd’hui est encourageant […], avec les espoirs de voir une nouvelle ronde de mesures de relance aux États-Unis, pour faire redémarrer l’économie », a-t-elle noté.

« Il y a de plus en plus de spéculation voulant que l’épidémie s’approche d’un sommet, et de discussions préliminaires pour potentiellement rouvrir l’économie. Ces deux éléments, pris ensemble, ont stimulé les marchés. »

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 71,26 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 71,50 cents US de la veille.

Les chiffres sur le marché de l’emploi au Canada pour le mois de mars seront publiés jeudi, mais les investisseurs ont déjà anticipé une augmentation significative des demandes de prestations d’assurance-emploi, a souligné Mme Bangsund.

« Inutile de dire que les chiffres vont être dévastateurs […] Je pense qu’une grande partie de cela est déjà intégrée aux prix. Et les marchés se concentrent de plus en plus sur l’état de l’épidémie et sur le moment où l’économie pourra se relever et se remettre à courir ou se remettre en marche. »

Le contrat à terme sur le baril de pétrole brut pour livraison en mai a clôturé en hausse de 1,46 $ US à 25,09 $ US le baril à la Bourse des matières premières de New York. Son augmentation précédait la rencontre de jeudi de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d’autres producteurs pour discuter d’une réduction potentielle de la production.

« De toute évidence, les investisseurs se positionnent pour une baisse potentielle de la production, coordonnée par les principaux producteurs mondiaux, qui contribuerait à endiguer cette surabondance massive de l’offre sur le marché », a affirmé Mme Bangsund.

Ailleurs à la Bourse des matières premières de New York, le cours de l’or a grimpé de 60 cents US à 1684,30 $ US l’once, tandis que celui du cuivre a perdu 1,25 cent US à 2,26 $ US la livre.

Espoir d’une reprise

« Le virus a peut-être atteint un pic ou, du moins, s’en rapproche, ce qui donne espoir aux investisseurs que, d’ici à fin mai, l’activité économique pourra véritablement reprendre », souligne Karl Haeling de LBBW.

Le coronavirus a déjà fait près de 14 000 morts aux États-Unis et plus de 86 000 dans le monde.

Si l’État de New York, épicentre de la pandémie aux États-Unis, a enregistré un nouveau record de décès en 24 heures, la progression du virus se stabilise, a indiqué mercredi le gouverneur Andrew Cuomo.

Il reste toutefois « un très grand nombre d’incertitudes », susceptibles de faire chavirer la Bourse à tout moment, prévient M. Haeling.

« Le marché en dents de scie est la nouvelle norme et ça va le rester tant que la volatilité ne chute pas beaucoup plus bas », prédit l’expert.

L’indice VIX, qui mesure la volatilité à Wall Street, a baissé de plus de 7 % mercredi.

Par ailleurs, la Réserve fédérale a publié mercredi les minutes de sa réunion surprise du 15 mars, où elle avait décidé d’une baisse de taux, les ramenant dans une fourchette de 0 à 0,25 %.

Les membres du comité monétaire de la Fed avaient alors jugé que l’incertitude liée à la pandémie faisait peser un « grave danger sur les perspectives économiques ».

Ils avaient toutefois noté que « la situation actuelle n’est pas directement comparable à la crise financière de la décennie précédente », estimant que les effets négatifs seraient peut-être moins durables.

Sanders jette l’éponge

Autre facteur ayant permis aux indices new-yorkais de consolider leurs gains mercredi : l’annonce par le sénateur du Vermont Bernie Sanders qu’il mettait un terme à sa campagne pour la nomination démocrate à la présidentielle américaine.

Cette décision donne de facto la victoire à son rival Joe Biden, qui affrontera Donald Trump en novembre.  

M. Sanders s’était érigé en pourfendeur de Wall Street, promettant une réforme en profondeur du système financier qui effrayait certains barons de la Bourse new-yorkaise.

Son abandon « a aidé le marché aujourd’hui, mais ça ne change pas fondamentalement les perspectives », estime M. Haeling.

« La principale question sera de voir à quel point Bernie Sanders va désormais soutenir Joe Biden », ajoute-t-il.  

Sur le marché obligataire, le taux à 10 ans sur la dette américaine progressait, s’établissant vers 16 h 35 à 0,7691 % contre 0,7122 % à la précédente clôture.

Au rang des valeurs, Twitter a bondi de 8,8 %. Son patron-fondateur Jack Dorsey a annoncé mardi qu’il allait donner 1 milliard de dollars pour participer à la lutte contre le coronavirus.

Amazon a pris 1,6 %. Selon plusieurs médias américains, le géant du commerce en ligne va suspendre à partir de juin son service de livraison Amazon Shipping, concurrent direct de FedEx et de UPS.