(Paris) Séance plutôt animée sur les places boursières : les marchés mondiaux ont changé de direction à plusieurs reprises ce jeudi, tiraillés entre l’explosion des nouvelles inscriptions au chômage aux États-Unis et l’envolée des prix du pétrole.  

Les investisseurs ont finalement préféré céder à l’optimisme en se focalisant sur le pétrole, dont les prix ont flambé en fin d’après-midi après des tweets de Donald Trump.  

Le président américain a indiqué s’attendre à une réduction « d’environ 10 millions de barils », voire plus, de la production russe et saoudienne, de quoi limiter le déséquilibre actuel du marché de l’or noir et soutenir les marchés boursiers. Des doutes ont toutefois émergé sur les affirmations de M. Trump.

Le baril new-yorkais de WTI n’en a pas moins bondi de près de 25 % et le baril londonien de Brent de 21 %, soit la plus forte hausse en pourcentage sur une séance jamais enregistrée par les deux barils.  

À la faveur de cette progression, Paris a terminé en petite hausse (+0,30 %), tout comme Francfort (+0,27 %) et Londres (+0,47 %). La Bourse de Milan a même bondi de 1,75 %, mais celle de Madrid est restée sur un très léger recul (-0,08 %).  

« Le rebond du pétrole est un facteur de soutien sur les indices », a observé Yann Azuelos, gestionnaire de portefeuille à Mirabaud France, interrogé par l’AFP. Selon lui, ces oscillations de volatilité, qui sont « extrêmement liées à la propagation du virus et au pétrole, ne vont pas s’arrêter ».

Elles vont même être « de plus en plus importantes au fur et à mesure que les entreprises vont être amenées à suspendre leurs prévisions de bénéfices et même de dividendes », a ajouté l’expert.

Les indices européens avaient démarré la journée par un timide rebond, avant de replonger dans le rouge face au record historique de nouvelles demandes hebdomadaires d’allocations chômage enregistrées aux États-Unis la semaine passée, à 6,6 millions, du jamais vu.  

C’est le double de la semaine précédente, qui avait enregistré 3,3 millions de nouveaux demandeurs d’allocations chômage, déjà un record.

L’inquiétude a aussi dans un premier temps dominé Wall Street. Mais à la faveur du rebond pétrolier, la Bourse de New York s’est ressaisie : le Dow Jones a finalement progressé de 2,24 %, le S&P 500 de 2,28 % et le NASDAQ de 1,72 %.

Le nouveau coronavirus poursuivait, lui, sa course cruelle. Plus d’un million de cas d’infection, parmi lesquels 51 718 décès, ont été détectés dans 188 pays et territoires, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de sources officielles jeudi à 15 h.

Plus de 500 000 contaminations ont été recensées en Europe, soit plus de la moitié des cas mondiaux.

L’inconnue américaine

Les taux souverains ont encore une fois terminé stables, le marché de la dette ayant été l’un des premiers bénéficiaires des plans de soutien des banques centrales.

Mais sur l’ensemble de la semaine, « la dette américaine est très recherchée, les taux américains ayant baissé de 10 points de base », tandis qu’à l’inverse, nous avons « eu une petite tension sur la dette française, repassée en territoire positif, et même sur la dette allemande », remarque Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance.  

Sur le marché des changes, l’euro continuait toujours à reculer face au dollar (-0,84 %, à 1,0854 dollar, vers 16 h 10), malgré le chiffre des demandes d’allocations chômage aux États-Unis.

Si le pic de l’épidémie pourrait bientôt être atteint en Europe, la propagation du coronavirus aux États-Unis, appelés à devenir le nouvel épicentre de la pandémie avec déjà plus de 200 000 cas et 5000 décès, focalise ces derniers jours l’attention des investisseurs.

« Sur la partie épidémique, cœur de la crise, ce qui pose effectivement question, c’est d’abord les États-Unis » qui « seulement à partir de maintenant ont véritablement une espèce d’homogénéité d’approche pour contrôler l’épidémie », l’État de Floride venant de se résoudre au confinement, avance auprès de l’AFP M. Galand.

« Nous allons traverser deux semaines très très douloureuses », avait déclaré mardi Donald Trump lors d’une conférence de presse. Selon les projections de la Maison-Blanche, la COVID-19 devrait faire entre 100 000 et 240 000 morts aux États-Unis.

Et « la deuxième inconnue, c’est de savoir si on va avoir de mauvaises surprises en Chine avec la province de Henan qui est depuis hier sous confinement », a relevé M. Galand.