(Paris) Les cours du pétrole flambaient vendredi dans la foulée de la mort d’un haut dignitaire iranien lors d’un raid américain à Bagdad, un assassinat ciblé ravivant les craintes d’une confrontation violente entre les deux pays qui inquiète les Bourses mondiales.

Le prix du pétrole a bondi à son plus haut niveau depuis mai à New York vendredi, porté comme le baril de Brent par la crainte d’une escalade entre Washington et Téhéran pouvant perturber l’offre d’or noir dans le monde.

Le baril de référence aux États-Unis, le WTI, a gagné 1,87 dollar pour clôturer à 63,05 dollars quand le baril de référence à Londres, le Brent, prenait 2,58 dollars, ou 3,9 %, à 68,83 dollars (quelques minutes avant la clôture).

La frappe, qui a suscité des réactions inquiètes dans le monde, a été ordonnée par le président américain Donald Trump après une attaque contre l’ambassade des États-Unis à Bagdad, mardi.

« Le marché prend la menace d’une escalade militaire au sérieux, en particulier parce que l’administration Trump est imprévisible dans ses actions », explique à l’AFP John Hall, du cabinet Alfa Energy.

PHOTO MANDEL NGAN, AFP

« Le marché prend la menace d’une escalade militaire au sérieux, en particulier parce que l’administration Trump est imprévisible dans ses actions », a déclaré John Hall, du cabinet Alfa Energy.

Et l’Iran a d’ores et déjà promis de prendre sa « revanche sur l’Amérique criminelle pour cet horrible meurtre ».

« L’Iran pourrait bloquer le détroit d’Ormuz, s’emparer des pétroliers ou même les attaquer. Bien entendu, de telles actions susciteraient une réaction rapide de la part de pays tiers et cela pourrait mener à une guerre totale au Moyen-Orient », craint Réda Aboutika, analyste pour le courtier en ligne XTB.

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Le pétrole a gagné environ 2 $ durant les 48 dernières heures.

Ce bond des prix du pétrole intervient par ailleurs dans un contexte de réduction de la production des pays de l’OPEP, décidée en décembre.

Wall Street dans le rouge

Logiquement, du côté des valeurs, les titres des sociétés pétrolières faisaient partie des gagnantes du jour.

À Paris, Total a pris 1,13 % et TechnipFMC 1,06 %, tandis qu’à Londres, BP a gagné 2,75 % et Royal Dutch Shell 2,13 %.

Les Bourses mondiales restaient sur leurs gardes à l’image de Wall Street où le Dow Jones (-0,64 %) comme le NASDAQ (-0,45 %) et le S&P 500 (-0,44 %) évoluaient dans le rouge.

De leur côté, les places boursières européennes ont terminé en ordre dispersé. Celles de Paris (+0,04 %) et de Londres (+0,24 %) ont résisté mais le Dax à Francfort (-1,25 %) et le FTSE MIB à Milan (-0,56 %) ont été gagnés par l’inquiétude.

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L'épave encore en flammes d'un des deux VUS détruits par un drone américain, dans l'attaque qui a tué le général iranien Qassem Soleimani, le 29 décembre près de l'aéroport de Baghdad, en Irak.

« La nouvelle selon laquelle le président Trump a ordonné la frappe qui a tué le général iranien renforce les inquiétudes sur un conflit au Moyen-Orient », note Samuel Springett, analyste chez Accendo Markets.

Le premier ministre démissionnaire d'Irak s'attend à une guerre

Pour le premier ministre irakien démissionnaire Adel Abdel Mahdi, cet assassinat ciblé va même « enclencher une guerre dévastatrice en Irak ».

PHOTO GOUVERNEMENT DE L'IRAN, VIA AP

Le général Qassem Soleimani.

Du côté des marchés asiatiques, Hong Kong (-0,32 %) et Shenzhen (-0,05 %) ont fini en baisse et Shanghai a terminé sur une hausse très modérée (+0,27 %). Tokyo, fermé pour les festivités du Nouvel An, ne rouvre que lundi.

L’once d’or jouait quant à elle son rôle de valeur refuge et montait nettement à 1547,72 euros contre 1529,13 euros la veille. Le yen progressait également pour les mêmes raisons, de 0,57 % contre le dollar et de 0,59 % contre l’euro.  

La devise japonaise, qui s’apprécie en période d’incertitudes, est « le grand gagnant » de l’accroissement des tensions géopolitiques, a expliqué Kit Juckes, analyste pour Société Générale.