(Montréal) Au terme d’une décennie « pas trop mauvaise » en Bourse, la prochaine décennie 2020 sera « probablement plus difficile pour les actions », estime Martin Roberge, analyste principal des marchés nord-américains chez Canaccord Genuity, à Montréal.

Aussi, écrit-il dans son bulletin de stratégie de portefeuille de fin d’année à l’intention de ses clients-investisseurs, « il se pourrait bien qu’au cours de la prochaine décennie, les dividendes par action, par opposition aux bénéfices par action, deviennent la force motrice du rendement total des marchés boursiers. »

Quels arguments principaux motivent cette attente ?

Martin Roberge explique qu’au terme d’une décennie ou « les rendements totaux des actions américaines (+ 14 % sur l’indice S & P 500) et des obligations (+ 6 % sur les Bons du Trésor long terme) n’ont pas été trop mauvais », il constate que le multiple cours-bénéfice (c/b) de l’indice S & P 500, rendu à 20 fois le bénéfice par action, se situe maintenant « au premier décile » des moyennes annuelles antérieures.

« L’historique de la Bourse américaine suggère qu’en telle situation de multiple c/b en niveau relativement élevé, les rendements réalisés durant les années suivantes se situent dans la fourchette inférieure d’un seul chiffre de pourcentage. » (NDLR : entre 0 % et 5 %).

« Quant aux obligations, ajoute Martin Roberge, les taux de rendement réels sont déjà en zone négative pour amorcer la décennie 2020, alors que les principales banques centrales semblent disposées à prendre un risque d’inflation dans l’économie. » (NDLR : en maintenant des taux d’intérêt bas).

Cela dit, Martin Roberge rappelle à ses clients-investisseurs que, somme toute, la décennie boursière 2010 qui s’achève aura permis aux portefeuilles équilibrés-type (60 % en actions et 40 % en obligations) de livrer « un excellent rendement total de 11 % » en dix ans.

En contexte, aussi, Martin Roberge souligne que « les investisseurs en actions doivent se rappeler qu’en janvier 2010, l’économie mondiale sortait tout juste de la crise financière mondiale de 2008-2009. En Bourse, la valorisation était inférieure à la moyenne, avec un multiple cours/bénéfice de l’indice S & P 500 à 14,5 fois, en comparaison avec 20 fois ces temps-ci. »

Par ailleurs, concernant les obligations, « les nombreuses mesures d’assouplissements des banques centrales mondiales ont presque supprimé les rendements sur les marchés obligataires, ce qui s’est avéré ensuite un facteur-clé de rehaussement de valeur des actions en Bourse. »

Enfin, note Martin Roberge, « un autre facteur positif pour les actions a été les rachats incessants d’actions par les entreprises. Leur ampleur a contribué à bonifier la croissance des bénéfices par action d’au moins 2 % par an durant la décennie. »