(Londres) Les grands gérants d’actifs européens ont davantage tendance à demander des comptes aux entreprises sur le réchauffement climatique, contrairement à leurs concurrents américains beaucoup plus complaisants, révèle une étude publiée lundi par l’ONG britannique ShareAction.

L’ONG, qui promeut une finance responsable, a analysé la manière dont ces gérants d’actifs, présents au capital de la plupart des grandes multinationales, ont voté en assemblée générale sur des résolutions ayant trait à la lutte contre le changement climatique.

Au total, les votes de 57 gérants sur 65 propositions soumises entre 2017 et 2019 auprès de groupes cotés au sein de l’indice boursier américain S&P 500 et souvent présentées par des acteurs de la société civile, ont été passées en revue, selon un communiqué.

Les conclusions sont accablantes pour les gérants américains qui assurent dans leur discours s’engager pour le climat, mais sont en pratique réticents à pousser les entreprises à en faire plus.

Les 10 investisseurs qui votent le plus souvent contre ce type de résolution sont tous américains, les plus mauvais élèves étant Capital Group (4,9 % de votes pour des résolutions en faveur du climat), T. Rowe Price (5,3 %), ou encore les géants BlackRock et JPMorgan Asset Management (6,7 %).

Ces résultats sont « inquiétants » pour ShareAction compte tenu du poids de ces groupes financiers, puisque les 20 plus grands acteurs américains contrôlent environ 35 % des actifs sous gestion dans le monde.

« Il n’est pas possible de se vanter en public d’être attentif au climat et de s’opposer aux objectifs en la matière en privé. Ces investisseurs seront jugés à la fin sur leur vote, qui est l’outil le plus puissant dont ils disposent », estime Jeanne Martin, une responsable de ShareAction et auteure du rapport.

En revanche, les gérants européens sont beaucoup plus enclins à soutenir les résolutions proclimat, à l’image du suisse UBS Asset Management (vote en faveur de 90 % des résolutions), l’allemand Allianz Global Investors (88,5 %), ou encore les britanniques Aviva Investors (88,5 %) et HSBC Asset Management (82 %).

Parmi les gérants sondés les plus proactifs en matière d’environnement, UBS Asset Management, cité dans le communiqué de ShareAction, dit attendre des entreprises « qu’elles aient une stratégie pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, des objectifs clairs et fassent part de leur progrès ».