(New York) Wall Street a terminé en nette baisse mardi, affaiblie par de nouveaux tumultes sur le front commercial entre la Chine et les États-Unis et un indicateur montrant une contraction de l’activité manufacturière aux États-Unis.

L’indice vedette de la cotation new yorkaise, le Dow Jones, a reculé de 1,08 % pour finir à 26 118,02 points et le NASDAQ, à forte coloration technologique, a perdu 1,11 % pour clôturer à 7874,16 points.

L’indice élargi S&P 500 a baissé de 0,69 %, à 29 06,27 points.

Avant le week-end prolongé d’un jour férié lundi, « les investisseurs espéraient que les nouveaux tarifs douaniers (entrés en vigueur dimanche, NDLR) seraient repoussés afin de permettre aux négociations de se poursuivre », a commenté Sam Stovall, de CFRA.  

Mais des droits de douane additionnels de 15 % portant sur une partie des 300 milliards de dollars de biens importés de Chine jusqu’alors épargnés par les précédentes mesures ont bien été mis en œuvre.  

Et peu avant l’ouverture de la séance de Wall Street mardi, « Donald Trump a menacé encore plus fortement la Chine », a souligné M. Stovall.  

Le locataire de la Maison-Blanche a en effet mis en garde mardi le géant asiatique contre la tentation de jouer la montre dans les négociations commerciales, avertissant Pékin d’une guerre commerciale encore plus dure s’il était réélu.

La Chine a rétorqué en augmentant également certains tarifs douaniers et en annonçant lundi le dépôt d’une plainte à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le bras de fer dans lequel sont engagées depuis plus d’un an les deux premières puissances économiques mondiales ne semble donc pas perdre en intensité, alimentant les craintes des investisseurs sur la croissance économique.  

Dernière illustration en date : l’activité du secteur manufacturier aux États-Unis s’est contractée en août, pour la première fois depuis trois ans, selon l’indice de l’association professionnelle ISM.  

La publication de cette statistique en début de séance a poussé les indices de Wall Street, déjà dans le rouge, à creuser leurs pertes.  

Toutefois, a nuancé M. Stovall, « l’activité manufacturière ne représente que 10 % de l’activité aux États-Unis. L’activité dans les services n’est pas encore en contraction ».  

Walmart agit sur les armes

Aux tensions commerciales s’ajoutaient mardi plusieurs autres sources d’inquiétudes poussant les investisseurs à la prudence, dont l’incertitude persistante autour du Brexit, la crise politique à Hong-Kong ou le passage du puissant ouragan Dorian près des côtes du sud-est des États-Unis.  

Particulièrement sensibles aux soubresauts des relations entre Washington et Pékin, les multinationales Caterpillar et Apple ont cédé respectivement 1,66 % et 1,46 %.  

Boeing a perdu de son côté 2,66 %. Le constructeur n’a pas été en mesure de répondre aux questions de régulateurs aériens de plusieurs pays sur les modifications apportées au système de contrôle de vol du 737 MAX lors d’une réunion tenue en août, ont indiqué mardi à l’AFP des sources proches du dossier.

Face aux incertitudes sur la date de retour en vol du 737 MAX, cloué au sol depuis mi-mars à la suite de deux accidents ayant fait 346 morts, la compagnie American Airlines (+0,76 %) a annoncé dimanche qu’elle prolongeait l’annulation des vols prévus sur les 737 Max jusqu’au 3 décembre. Elle a ainsi emboîté le pas à United Airlines (-1,38 %) qui avait fait part vendredi de la prolongation de l’annulation de tous ses vols programmés sur des Boeing 737 MAX jusqu’au 19 décembre.

La chaîne de supermarchés Walmart s’est appréciée de 0,33 % après avoir plaidé pour rendre les ventes d’armes à feu plus restrictives et joint le geste à la parole en mettant fin à la vente des munitions alimentant les armes semi-automatiques, généralement utilisées dans les tueries de masse aux États-Unis.

À Toronto, l’indice composé S&P/TSX a rendu 42,84 points pour terminer la séance avec 16 399,23 points, tiré vers le bas par les secteurs de l’énergie, de la consommation, de la finance et de l’industrie.

Après une solide semaine qui a mis fin à un mois d’août volatil, les investisseurs espéraient que le sentiment resterait positif après la fête du Travail, a souligné Ryan Crowther, gestionnaire de portefeuille chez Franklin Bissett Investment Management.

« Mais avec les tarifs qui continuent à monter en flèche et l’actualité du week-end, la dégradation de la situation économique est au centre des préoccupations des gens et je pense que c’est ce qui a pesé sur le marché aujourd’hui », a-t-il affirmé dans une entrevue.

Optimisme relatif

Malgré la volatilité des marchés au cours des dernières semaines, les marchés canadien et américain restent en bonne position. Le TSX n’est qu’à 1,6 % de son record historique d’avril et les marchés américains ne sont qu’à 4,0 % et 5,6 % de leurs sommets, a souligné M. Crowther.

« Il y a encore des raisons d’être optimiste, mais je pense qu’à ce stade-ci, elles sont plutôt éclipsées par le flux de nouvelles, qui est lié au commerce et aux préoccupations générales associées au ralentissement de la croissance économique mondiale. »

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 74,95 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 75,22 cents US de vendredi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a reculé de 1,16 $ US à 53,94 $ US le baril, tandis que celui de l’or a pris 26,50 $ US à 1555,90 $ US l’once. Le prix du cuivre s’est pour sa part déprécié de 2,35 cents US à 2,53 $ US la livre.