Étant fermée hier en raison d’un jour férié, c’est ce matin que la Bourse canadienne devrait réagir en baisse brutale en suivi du repli considérable de 2 % à 3 % subi par les principaux marchés boursiers de la planète.

Mais en dépit de ce congé boursier au Canada, les gestionnaires de portefeuilles établis à Montréal n’ont pas manqué d’observer la suite possible d’un ressac boursier d’une telle ampleur, et de s’en inquiéter même.

« Après ces autres menaces commerciales échangées entre Pékin et Washington ces derniers jours, les marchés boursiers réalisent soudainement que la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde n’est pas près de se résoudre, comme ils l’espéraient jusqu’à récemment », résume Marc L’Écuyer, gestionnaire de portefeuille principal chez la firme Cote 100, qui gère pour 1 milliard d’actifs de clients-investisseurs.

« Les marchés boursiers ont l’habitude de voir en avant. Or, quand les tensions commerciales s’aggravent comme ce qu’on voit entre la Chine et les États-Unis, ce n’est jamais bon dans les marchés financiers, qui craignent l’impact de ces tensions sur la conjoncture économique à venir et les prochains résultats d’entreprises », indique Bernard Gauthier, directeur général et gestionnaire de portefeuille chez Jarislowsky Fraser, une filiale montréalaise de la Banque Scotia avec 38 milliards en actifs sous gestion.

Et maintenant ?

Dans ce contexte, quelles perspectives pour la suite ?

« Considérant la remontée des marchés jusqu’à récemment, et la succession d’événements considérés négatifs depuis une semaine – baisse de taux de la Réserve fédérale américaine inférieure aux attentes, aggravation de la guerre commerciale Chine–États-Unis –, je ne suis pas vraiment étonné ni inquiet d’un repli de cette ampleur en Bourse », commente Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. 

Ce repli pourrait même s’avérer une “fenêtre d’opportunité” pour investir davantage dans des titres qui étaient déjà en surveillance, mais qui se retrouveraient soudainement sous-valorisés en Bourse.

Michel Doucet

« N’empêche, je préfère attendre un peu avant de redéployer du capital en Bourse, le temps que s’atténue un peu le surplus de bruit à court terme. »

Chez Jarislowsky Fraser, Bernard Gauthier indique aussi se tenir à l’affût d’occasions d’investir davantage et à meilleur prix dans des titres de qualité qui sont déjà en portefeuille ou en liste de surveillance.

« Certes, le repli en Bourse s’avère significatif à court terme, dit-il. Mais il ne faut pas oublier qu’il survient durant la période estivale de volume réduit de transactions, et que le principal indice américain, le S&P 500, demeure en hausse de 9 % depuis le début de l’année et que les fondamentaux de l’économie nord-américaine demeurent solides. »