L’attention des marchés financiers en Amérique du Nord se concentre cette semaine sur les énoncés de conjoncture et de taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) et de la Banque du Canada.

Cette attention est d’autant plus soutenue alors que se multiplient les indicateurs un peu contradictoires sur l’état réel de l’économie aux États-Unis et au Canada, mais aussi sur l’économie mondiale déjà freinée par les disputes commerciales.

D’ailleurs, la volatilité inhabituelle des indicateurs économiques depuis quelques mois semble avoir motivé le récent changement de cap de la Fed à propos de l’évolution des taux d’intérêt.

En moins de six mois, la Fed est passée d’une intention de hausse additionnelle à une possible baisse dès les prochaines semaines.

C’est dans ce contexte que les marchés financiers nord-américains seront très attentifs au témoignage du président de la Fed, Jerome Powell, devant des comités des deux chambres du Congrès, aujourd’hui et demain à Washington.

Le jour suivant, mercredi, les marchés financiers scruteront le rapport de la plus récente réunion du comité directeur de la Fed, tenue les 18 et 19 juin, afin d’y déceler des indices précurseurs de sa prochaine décision concernant les taux d’intérêt, attendue le 31 juillet.

Est-ce que la Fed donnera suite aux attentes d’une baisse de taux qui ont fortement animé les marchés boursiers et obligataires depuis deux mois ? Des économistes en doutent.

Les 224 000 emplois créés aux États-Unis en juin [annoncés vendredi dernier] situent le rythme des créations d’emplois à un niveau qui apparaît incompatible avec un revirement marqué de politique monétaire de la Fed.

Katherine Judge, économiste à la Banque CIBC, après la publication vendredi des données de l’emploi en juin

« Je demeure convaincue que des baisses de taux pourraient être imminentes, mais pas autant que les marchés financiers s’y attendent dès la fin de juillet. »

Et au Canada ?

Est-ce que la Banque du Canada pourrait emboîter le pas à sa voisine américaine en changeant de cap en ce qui concerne sa direction des taux d’intérêt ?

Et dans ce cas, quel impact possible sur la valeur du dollar canadien ?

Les intervenants sur les marchés financiers au Canada pourraient obtenir quelques éléments de réponse à ces questions, mercredi, lorsque la Banque du Canada annoncera sa décision mensuelle sur les taux. Elle publiera aussi la mise à jour de ses prévisions de conjoncture économique.

On attend une importante révision à la hausse de sa prévision de croissance du PIB au deuxième trimestre, considérant la vigueur des plus récentes statistiques économiques. Cela pourrait entraîner une légère révision à la hausse de la prévision de croissance pour l’ensemble de l’année 2019.

Les économistes de la Banque Nationale

Quant à la prochaine direction des taux d’intérêt, ils s’attendent à ce que la Banque du Canada emboîte timidement le pas à d’autres banques centrales avec une « attitude accommodante » face aux incertitudes dans l’économie mondiale.

Toutefois, estiment les économistes de la Nationale, cette « attitude accommodante » pourrait s’afficher « de façon limitée si la banque centrale ne veut pas paraître déconnectée des statistiques de l’économie canadienne », en nette amélioration au cours des derniers mois.

« Alors que les tensions commerciales restent préoccupantes pour la croissance mondiale future, au Canada, un taux de chômage pratiquement au plus bas, l’accélération des salaires et le rebond de l’activité économique au deuxième trimestre ne militent pas en faveur d’une baisse des taux d’intérêt par la Banque du Canada en ce moment. »

« Par conséquent, nous nous attendons à ce qu’elle poursuive sa pause malgré nos attentes d’un ajustement de la politique [de taux d’intérêt] au sud de la frontière. »

Mardi

Rapport annuel chez Couche-Tard

Le géant des dépanneurs — et un colosse de Québec inc. en Bourse avec ses 46 milliards de capitalisation — fait le point sur ses résultats de fin d’exercice 2019 et ses priorités pour les prochains trimestres. Les analystes anticipent un bénéfice d’exploitation (BAIIA) de quatrième trimestre en hausse considérable sur un an, à 678 millions US. Et ce, malgré une relative stagnation des revenus trimestriels à 13,5 milliards US et un bénéfice net réduit à 300 millions US (après des ajustements comptables).

Vendredi

Le restaurateur MTY à mi-année

L’entreprise montréalaise spécialiste des chaînes de restaurants franchisés avait habitué ses actionnaires et les analystes à sa stratégie de croissance soutenue par acquisitions. Or, MTY a semblé « frapper un os » avec sa plus récente acquisition d’envergure : 253 millions pour la chaîne américaine de 1400 pizzerias Papa Murphy’s. La valeur boursière de MTY a reculé de 8 % cette journée-là à la mi-avril, portant à 27 % le recul depuis le sommet atteint en novembre 2018. Trois mois plus tard, MTY s’est en partie remise d’aplomb en Bourse. Mais elle a aussi rehaussé les attentes des investisseurs et des analystes envers son prochain compte rendu financier trimestriel.