(Francfort) Un observateur de la finance internationale a averti mardi les dirigeants du monde que l’utilisation plus large des cryptomonnaies comme la Libra, dévoilée la semaine dernière par Facebook, nécessiterait un « examen minutieux » par les autorités réglementaires.

Le chef du Conseil de stabilité financière (CSF) a fait cette déclaration dans une lettre aux chefs d’État et de gouvernement qui se réuniront lors du sommet du G20 qui se tiendra les 28 et 29 juin à Osaka, au Japon.

Les responsables des finances débattent des moyens de réglementer les cryptomonnaies après que Facebook a dévoilé la Libra, une forme numérique d’argent liée aux devises existantes. La cryptomonnaie est une forme d’argent numérique qui utilise la technologie de chiffrage pour la sécuriser. Les cryptomonnaies n’existent pas sous forme de billets ou de pièces physiques, mais plutôt sous forme de lignes de code informatique signé numériquement.

Le président du CSF, Randal Quarles, dont la lettre ne mentionne pas la Libra, a affirmé que l’innovation technologique pourrait rendre le secteur financier plus efficace et inclusif et que les cryptomonnaies ne menaçaient pas, pour le moment, la stabilité financière mondiale.

Il a toutefois averti qu’une « utilisation plus large de nouveaux types de cryptomonnaies à des fins de paiement de détail justifierait un examen minutieux de la part des autorités pour s’assurer qu’elles sont soumises à des normes strictes en matière de réglementation ».

« Bien que les cryptoactifs ne posent actuellement aucun risque pour la stabilité financière mondiale, des lacunes peuvent apparaître lorsque les cryptoactifs ne relèvent pas de la compétence des régulateurs ou de l’absence de normes internationales », écrit-il dans la lettre.

Les dirigeants du G20 n’ont fait qu’une brève mention des cryptomonnaies lors de leur sommet de 2018 à Buenos Aires. Leur déclaration finale a seulement indiqué qu’ils étaient préoccupés par leur utilisation pour le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et qu’ils « envisageraient d’autres solutions si nécessaire ».

À l’époque, les cryptomonnaies telles que Bitcoin n’étaient pas considérées comme une menace pour la stabilité financière, car les montants en jeu étaient minimes par rapport à la taille du système financier mondial. La Libra aurait pour objectif d’être une monnaie mondiale utilisée par des milliards de personnes, y compris celles qui n’ont pas de compte bancaire ou un autre accès au système financier.

En plus de présider le CSF, M. Quarles siège au conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis, où il est vice-président de la réglementation. Le CSF est un organisme international chargé de surveiller et de formuler des recommandations sur le système financier mondial. Son objectif est de coordonner les autorités financières nationales et les organismes de normalisation.