Après l’accord temporaire de « cessez-le-feu » dans la guerre commerciale sino-américaine, annoncé au sommet des chefs d’État du G-20, cette semaine s’annonce relativement calme, car elle est écourtée par les congés de fête nationale au Canada et aux États-Unis.

L’attention des marchés sera concentrée sur la mise à jour, vendredi, des données de l’emploi en juin dans les deux pays.

« Aux États-Unis, considérant l’anticipation des marchés envers une réduction de taux de la Réserve fédérale (Fed) à la fin de juillet, le rapport sur les emplois non agricoles en juin s’annonce plus critique que d’habitude », note Martin Roberge, analyste chez Canaccord Genuity.

Et au Canada, « les statistiques sur l’emploi en juin, en plus de la balance commerciale (exportations/importations) en mai, aideront à évaluer la réaction de la Banque du Canada » après un mouvement de la Fed.

Aux États-Unis ?

De l’avis de Derek Holt, vice-président et directeur des études économiques chez Scotia Marchés des capitaux, « la préoccupation aux États-Unis sera de voir si la faible création d’emplois non agricoles mesurée en mai — à peine 74 000 emplois après les 224 000 d’avril et les 153 000 de mars — était un épisode passager ou le signe d’un affaiblissement persistant ou accentué du marché du travail ».

Les menaces frontalières et commerciales du président Trump envers le Mexique, au début de juin, ainsi que l’entrée en vigueur de la dernière série de droits de douane sur les importations chinoises ont probablement perturbé les plans d’embauche des entreprises.

Derek Holt, vice-président et directeur des études économiques chez Scotia Marchés des capitaux, dans son billet hebdomadaire

Dans ce contexte, prévoit-il, il serait « surpris de voir un rebond positif de la création d’emplois en juin au lieu d’une stagnation ou, pire, d’un recul qui serait négatif pour la conjoncture économique ».

Du côté de la Banque Nationale, on s’attend à une « légère accélération de création d’emplois aux États-Unis à 150 000 en juin, à un niveau supérieur à celui que la Fed estime suffisant (à 110 000 emplois/mois) pour absorber les nouveaux venus sur le marché du travail et maintenir le taux de chômage stable à long terme ».

Leurs principaux indices ? « Alors que les inscriptions à l’assurance chômage ont légèrement augmenté au cours de juin, elles sont restées indicatives d’un très faible taux de mises à pied », notent-ils dans leur billet hebdomadaire.

Aussi, « l’embauche est sans doute restée relativement modérée à en juger par les récentes enquêtes auprès des entreprises, qui montraient que l’emploi progressait au rythme le plus faible en un peu plus de deux ans ».

Au Canada ?

Chez Scotia Marchés des capitaux, le directeur des études économiques, Derek Holt, s’attend à une « création d’emplois proche de zéro ».

Ce serait la conséquence de « davantage de dommages collatéraux dans l’économie canadienne provoqués par les tensions dans le commerce international. Avec la Chine, notamment, mais aussi le délai d’approbation du nouvel accord commercial avec les États-Unis et le Mexique ».

Pour leur part, les économistes de la Banque Nationale notent dans leur billet hebdomadaire que « pas moins de 250 000 emplois se sont ajoutés au pays dans les cinq premiers mois de l’année, le meilleur résultat depuis 2002. Ce rythme est insoutenable dans un contexte de pénuries de main-d’œuvre croissantes dans plusieurs provinces ». 

Dans ce contexte, les économistes de la Nationale anticipent « un ralentissement dans les mois à venir, en commençant par une mesure de 10 000 emplois en moins en juin ».

Aussi, « le taux de chômage pourrait augmenter d’un dixième, à 5,5 %, en supposant que le taux de participation (au marché de l’emploi) demeure stable à 65,7 % » de la population active.