Alors que les indices de ralentissement se multiplient dans les principales économies du monde, et que les tensions commerciales s’accentuent entre les États-Unis et ses principaux partenaires, l’attention des marchés financiers sera accaparée cette semaine par l’énoncé mensuel de la Réserve fédérale américaine (Fed).

« Plusieurs pressions s’exercent sur la Fed pour qu’elle assouplisse sa politique monétaire avec d’éventuelles baisses de taux », résument les économistes de Desjardins dans leur billet hebdomadaire.

D’une part, « les baisses des taux d’intérêt obligataires ainsi que la remontée de la Bourse reflètent les attentes des investisseurs envers de prochaines baisses de taux ».

D’autre part, notent les économistes de Desjardins, « la publication de certains indicateurs pour le mois de mai, comme les embauches décevantes et la faiblesse des indices de prix, alimente les pressions pour d’éventuelles baisses de taux. Cela s’ajoute aussi aux inquiétudes des marchés financiers envers les tensions commerciales. »

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Un ralentissement accentué de l’économie pourrait inciter la Réserve fédérale à rabaisser bientôt son taux d’intérêt cible.

De l’avis de Josh Nye, économiste principal à la Banque Royale (RBC), « alors que l’économie américaine montre peu de signes de pressions inflationnistes, la Fed dispose d’une marge de manœuvre pour réagir plus tard à un ralentissement de la croissance causé par les tensions commerciales ».

Pour le moment, estime M. Nye, « les données économiques ne justifient pas de réductions de taux, même si des fissures apparaissent dans le secteur industriel et les investissements des entreprises ».

Aussi, « il faudra des preuves plus évidentes d’un impact des disputes commerciales sur l’ensemble de l’économie américaine. En ce sens, une autre escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine augmenterait la probabilité d’une baisse de taux préventive par la Réserve fédérale ».

De son côté, Jean-François Perrault, vice-président principal et économiste en chef à la Banque Scotia, affirme que même si « la Fed et la Banque du Canada ont fini de relever leurs taux d’intérêt, [il n’est] pas encore prêt à prévoir une réduction des taux dans les deux pays ».

Pourquoi  ?

Aux États-Unis, la croissance devrait rester bien au-dessus de 2 % cette année, mais légèrement inférieure à 2 % en 2020. Aussi, l’inflation est bien inférieure à l’objectif de la Fed et les marchés financiers expriment leur inquiétude face à une récession l’année prochaine.

Jean-François Perrault, dans sa récente mise à jour des prévisions économiques

À moyen terme, « les probabilités d’une réduction des taux aux États-Unis sont élevées, reflétant à la fois une inflation plus faible que prévu et les préoccupations de la Fed à l’effet que les politiques de l’administration Trump nuisent à l’économie américaine ».

Par conséquent, selon M. Perrault, « si les espoirs de progrès sur les disputes commerciales d’ici la fin de juin ne se concrétisent pas, il est probable que la Fed décide de baisser ses taux dès juillet ».

Au Canada ?

Entre-temps, quel pourrait être l’impact des décisions de taux de la Fed sur la Banque du Canada, alors que l’économie canadienne se remet d’un début d’année faible ?

« À moins qu’une prochaine baisse de taux de la Réserve fédérale ne coïncide avec une détérioration plus rapide que prévu de l’économie américaine, je doute que la Banque du Canada veuille rapidement imiter la Fed », répond Michael Gregory, économiste en chef adjoint à la Banque de Montréal, dans son plus récent « Scénario des taux ».

« L’inflation au Canada demeure très proche du taux de 2 % ciblé par la Banque du Canada, et le taux directeur de 1,75 % est actuellement négatif en termes réels [après inflation], tandis que celui de la Fed (2,38 %) est redevenu positif après une série de hausses. »

Aussi, souligne M. Gregory, « comme le marché de l’immobilier résidentiel au Canada est parvenu à une certaine stabilité avec une combinaison de politiques gouvernementales et de hausses de taux, je crois que la Banque du Canada sera prudente avant de risquer d’affecter cette stabilité avec des réductions de taux ».

Mardi

Le point sur les ventes des manufacturiers 

Après avoir fortement rebondi de 2,1 % en mars, les ventes des manufacturiers canadiens sont attendues à un rythme plus modeste en avril, de l’ordre de 0,4 % selon le consensus des économistes. « Les résultats des exportations de marchandises (en avril) laissent croire que le secteur des produits automobiles pourrait reculer durant le mois. Aussi, l’importante hausse des derniers mois dans l’industrie des produits énergétiques devrait aussi se stabiliser », prévoient les économistes de Desjardins dans leur billet hebdomadaire.

Vendredi

Bilan printanier des détaillants canadiens 

Après une fin de 1er trimestre forte chez les détaillants canadiens, avec 1,1 % en mars seulement, la croissance des ventes au détail devrait être assez limitée en avril, d’à peine 0,2 % selon la moyenne des prévisions d’économistes. Selon les économistes de Desjardins, « les prix des biens affichent une progression pratiquement nulle en avril, et les données préliminaires indiquent que les ventes d’automobiles auraient connu des difficultés en avril ».