(New York) Les papas de Wall Street ont remporté jeudi une grande victoire, la banque JPMorgan Chase ayant accepté de verser 5 millions de dollars à des salariés hommes qui s’estimaient discriminés dans le cadre du congé parental.

La première banque américaine en termes d’actifs a accepté de conclure un accord à l’amiable avec des plaignants, associés dans le cadre d’une action en nom collectif (class action), lui reprochant de ne pas leur avoir accordé les mêmes droits qu’à des mères pour leur congé de paternité.

La plainte couvrait la période 2011-2017 et avait été déposée conjointement par l’antenne de l’Ohio de l’association de défense des libertés ACLU et le cabinet d’avocats Outten & Golden LLP, au nom de salariés pères de JPMorgan Chase.

C’est Derek Rotondo, un employé devenu papa, qui a été le premier à soulever la problématique. Il accusait la banque de ne pas lui avoir accordé les mêmes droits prévus pour une salariée femme dans le cadre du congé de maternité.

« J’aime mes enfants et je voulais passer du temps avec eux quand ils sont nés », a déclaré M. Rontondo, cité dans un communiqué de l’ACLU. « Je suis fier de constater que depuis que j’ai porté plainte pour discrimination basée sur le genre, Chase a clarifié sa politique pour garantir que les employés femmes et hommes qui veulent être le parent principal après la naissance aient accès aux mêmes avantages ».

Il arguait qu’il souhaitait prendre 14 semaines de congé paternité après la naissance de son fils en tant que parent principal, mais le département des ressources humaines lui avait répondu que ce privilège n’était accordé qu’aux mères. Celles-ci étaient les seules personnes considérées comme parent principal et donc seules à pouvoir bénéficier jusqu’à 16 semaines payées 100 %.

Différences entre firmes

Les pères en revanche, considérés comme co-parents, n’avaient droit qu’à deux semaines de congé de paternité « à moins de prouver que leur épouse ou époux ou partenaire était physiquement ou légalement incapable ou avait repris le travail ».

Jugeant que cette disposition relevait de la discrimination sur le genre et était par conséquent « illégale », l’ACLU avait saisi en juin 2017 l’Equal Employment Opportunity Commission.

Cette affaire est un camouflet pour JPMorgan Chase, considérée comme une des banques en pointe sur les problématiques sociétales aux États-Unis.

En 2016, la firme était devenue une des rares grandes entreprises américaines à porter le congé parental de 12 à 16 semaines payées 100 %. L’an dernier, le congé parental des co-parents est passé de deux à six semaines payées.

JPMorgan Chase avait aussi finalement décidé d’octroyer à M. Rotondo les 16 semaines de congé de paternité qu’il réclamait.

« Nous sommes contents d’avoir trouvé un accord et envisageons maintenant de communiquer sur cette décision de sorte que les employés hommes et femmes soient au courant des avantages qui sont les leurs », a réagi Reid Broda, un des responsables juridiques de JPMorgan Chase. « Nous remercions M. Rotodono d’avoir attiré notre attention sur cette question ».

Outre les 5 millions, la firme s’est engagée également à former ses personnels sur ces problématiques.

À Wall Street, où les charges de travail sont importantes et où les employés sont encouragés à ne pas compter leurs heures de travail, les avantages en matière de congé parental divergent d’une entreprise à l’autre.

Bank of America propose jusqu’à 26 semaines de congé parental à tous ses employés américains devenant parents biologiques comme adoptifs. Seules 16 semaines sont payées.

Goldman Sachs et Wells Fargo donnent 16 semaines de congé parental payées au salarié considéré comme parent principal au moment de la naissance de l’enfant, quel que soit son genre.

Les co-parents ont droit à quatre semaines payées suivant la naissance ou l’adoption de l’enfant.

Chez Citigroup, les salariées américaines devenant mères ont droit à 16 semaines payées, tandis que huit semaines sont proposées aux co-parents et aux parents adoptifs.